Evocation n Les journées consacrées à l'écrivain, poète, journaliste et dramaturge, Kateb Yacine, ont pris fin jeudi par la représentation d'El Machina. Le texte de la pièce raconte le voyage de Zenouba, une fillette de 12 ans, d'une grande intelligence, mais aussi d'une extrême et profonde sensibilité, qui prend le train – d'où le titre de la pièce El Machina – pour se rendre chez son oncle Djillali, afin de passer des vacances ou plutôt pour une convalescence. Zenouba est en effet atteinte d'une maladie incurable. La sensibilité et l'intelligence de cette petite fille vont aider les gens du compartiment à raconter leur histoire, leur vie, leur drame. «Les mots [dits] ont le goût de la braise, un condensé de vies éclatées que la [violence] a jetées dans ce train», qui n'est autre que le train de la vie. Le texte est une adaptation de Zenouba, la fille de Bouziane le veilleur de nuit. Un texte de Abdelkader Alloula. Si l'auteur et dramaturge situe l'histoire dans les années 1980, Ziani Chérif Ayad, qui l'a adaptée et mise en scène, l'a transposée dans les années 1990. Par un devoir de mémoire, il évoque la tragédie nationale à l'image même du drame qui se lit sur les visages des personnages Tout au long de la représentation, les comédiens se sont illustrés par un jeu fort expressif et convaincant. Cela a été perceptible notamment dans le dialogue et les déplacements. La volubilité, l'intonation et l'élocution de chacun ont ainsi rendu le texte lisible, percutant, d'une grande beauté ainsi que d'une richesse langagière saisissante et d'une authentique poésie théâtrale.Ces journées dédiées à Kateb Yacine – elles avaient pour titre «Les rencontres de Kateb Yacine» – ont été initiées par la compagnie Gosto Théâtre. «Ces journées se sont déroulées à l'occasion de la vingtième année de la disparition de Kateb Yacine et avaient pour objectif de revisiter l'auteur et d'interroger son œuvre», a déclaré Ziani Cherif Ayad président de la compagnie Gosto Théâtre. Et de poursuivre : «Elles nous ont permis à travers les tables rondes de découvrir des choses nouvelles sur Kateb Yacine.» «Si certains ont approfondi son œuvre, d'autres y ont apporté des éclairages parce que Kateb Yacine est un et multiple : le poète avec tout un univers poétique, une démarche théâtrale, le journaliste, l'homme, le citoyen…» «Ces rencontres, a-t-il souligné, nous ont permis de raconter sa vie, d'explorer son œuvre, voire de le revisiter. Bien sûr, ce n'est pas deux jours qu'il faut pour cela.» Et de conclure : «L'idée, je pense, et c'est ce qui est plus intéressant, est que, au-delà de l'hommage, il faut rendre l'œuvre vivante, permettre qu'il y ait une continuité, pour que d'autres jeunes dramaturges, metteurs en scène et acteurs se réapproprient cette œuvre, cet héritage et la lisent, l'interprètent chacun à sa manière, et selon le quotidien d'aujourd'hui, savoir comment eux, aussi, seront interpellés par cette œuvre.»