Résumé de 6e partie n En rêve, elle voit la fée Morgane qui lui dit comment procéder pour sauver ses frères... «Mais n'oublie pas qu'à l'instant où tu commenceras ce travail, et jusqu'à la fin, même s'il faut des années, tu ne dois prononcer aucune parole, le premier mot que tu diras, frappera, comme un poignard meurtrier, le cœur de tes frères, de ta langue dépend leur vie. Ne l'oublie surtout pas !» La fée effleura de l'ortie la main d'Elisa et la brûlure la réveilla. Il faisait grand jour, et tout près de l'endroit où elle avait dormi, il y avait une ortie pareille à celle de son rêve. Alors elle sortit de la grotte pour commencer son travail. De ses mains délicates, elle arrachait les orties qui brûlaient comme du feu formant de grosses cloques douloureuses sur ses mains et ses bras mais peu lui importait de souffrir puisque c'était pour sauver ses frères. Elle foula chaque ortie avec ses pieds nus et tordit le lin vert. Au coucher du soleil les frères rentrèrent. Ils s'effrayèrent de la trouver muette, craignant un autre mauvais sort jeté par la méchante belle-mère, mais voyant ses mains, ils se rendirent compte de ce qu'elle faisait pour eux. Le plus jeune des frères se mit à pleurer et là où tombaient ses larmes, Elisa ne sentait plus de douleur, les cloques brûlantes s'effaçaient. Elle passa la nuit à travailler en ne pensant qu'à sauver ses frères. Le jour suivant, tandis que les cygnes étaient absents, elle demeura à travailler seule, sans relâche. Une cotte de mailles était déjà terminée, elle entamait donc la seconde. Alors un cor de chasse sonna dans les montagnes, elle en fut tout inquiète, le bruit se rapprochait, elle entendait les aboiements des chiens. Effrayée, elle se réfugia dans la grotte, lia en botte les orties qu'elle avait cueillies et démêlées et s'assit dessus. A ce moment-là un grand chien surgit des buissons suivi d'un autre et d'un autre encore. Ils aboyaient très fort, couraient de tous les côtés, au bout de quelques minutes tous les chasseurs étaient là devant la grotte et le plus beau d'entre eux, le roi du pays, s'avança vers Elisa. Jamais il n'avait vu fille plus belle. — Comment es-tu venue ici, adorable enfant ? s'écria-t-il. Elisa secoua la tête, elle n'osait parler, le salut et la vie de ses frères en dépendaient. Elle cacha ses jolies mains sous son tablier pour que le roi ne vît pas sa souffrance. — Viens avec moi, dit le roi, ne reste pas ici. Si tu es aussi bonne que belle, je te vêtirai de soie et de velours, je mettrai une couronne d'or sur ta tête et tu habiteras le plus riche de mes palais ! Il la souleva et la plaça sur son cheval, mais elle pleurait et se tordait les mains, alors le roi lui dit : — Je ne veux que ton bonheur, un jour tu me remercieras ! Et il s'élança à travers les montagnes, suivi au galop par les autres chasseurs. (à suivre...)