Philosophie n Pour Gabriel Marcel, le sentiment d'avoir une destinée mortelle pousse l'homme vers la foi. La mort n'est pas la fin de tout, mais le début d'une espérance. Gabriel Marcel (1889-1973) est connu comme philosophe. C'est même l'un des représentants du courant existentialiste français. Il s'opposait à la fois aux idéalismes et aux rationalismes qui régnaient au début du XXe siècle. Agrégé de philosophie à vingt et un ans, il est élu membre de l'Institut et se destinait à la carrière d'enseignant. Mais va y renoncer et se consacrer à la philosophie et à la dramaturgie. Dans sa présentation de l'œuvre du philosophe, Jerphagnon il écrit : «L'affirmation centrale est que l'existence se donne à l'expérience unique de chaque conscience comme inépuisable et, à la limite, inexprimable. Elle englobe l'homme, qui s'y surprend engagé et qui découvre du même coup qu'il ne la saurait objectiver totalement, ni la réduire en concepts sans se méprendre sur elle, sur autrui, sur lui-même. L'existence ne se réduit pas à la pensée de l'existence. Tel est le fondement de la distinction fameuse du mystérieux et du problématique. Le problème est quelque chose qui barre la route. Il est tout entier devant moi. Au contraire, le mystère est quelque chose où je me trouve engagé, dont l'essence est, par conséquent, de n'être pas tout entier devant moi.» (Etre et Avoir). Un autre champ de la pensée de Gabriel Marcel : la destinée humaine. Les hommes, pense-t-il, sont appelés à vivre, à aimer, à être aimés, à souffrir, à décliner et à mourir. Le sentiment d'avoir une destinée mortelle le pousse vers la foi. La mort n'est pas la fin de tout, mais le début d'une espérance. Mais la mort est source d'angoisse parce qu'elle signifie la débâcle de toute possession : un homme qui a consacré sa vie à des assurances temporelles, perd tout avec la mort, puisque celle-ci est un dépouillement total. Mais la mort n'est pas que corrosion. Dans la pensée de Gabriel Marcel, elle procède à un travail de restructuration de la vie dans la mesure où le mourant, qui prend conscience de la fin de ses projets et de sa disparition, va apprécier ce qu'a été sa raison de vivre et faire une sorte de bilan de son existence. Qu'ai-je fait de bien dans ma vie ? Qu'ai-je fait de mal ? Quels êtres ai-je aimés et quels sont ceux que j'ai détestés ? Et surtout, quelles sont les actions qui valent la peine d'être évoquées et qui donnent un sens à ma vie ? La mort est échec des projets dans la vie terrestre, mais elle ne signifie pas la mort de l'être. Cette conviction de l'existence d'une vie après la mort à pousser le philosophe à s'intéresser à la parapsychologie. Il fera des expériences supranormales qui vont encore renforcer sa croyance en la survie. Au cours des cérémonies du 12e anniversaire de la mort de Frédéric Myers à la Société de recherches psychiques de Londres, il a rapporté, dans un long exposé, quelques-unes de ces expériences. La première expérience s'est déroulée avant la première guerre mondiale : «Je ne me rappelle pas nettement quel pouvait être mon état d'esprit par rapport à la parapsychologie avant la Guerre de 1914. Il me semble que j'ignorais alors les faits, mais que j'étais, par rapport à eux, dans un état de disponibilité…» Ce n'est pas lui qui a vécu la première expérience parapsychologique, mais un homme qu'il ne connaissait pas, un Anglais, qu'il a rencontré dans un hôtel, lors d'un séjour en Suisse. (à suivre...)