Vertus n Le miel sauvage élevé dans des ruchers naturels au fin fond des forêts, est un produit de grande qualité et seuls quelques rares initiés peuvent se le procurer dans les forêts du douar Ouchanane. Selon l'un de ces initiés, un homme tout buriné de 75 ans, c'est au printemps qu'on peut suivre à la trace les abeilles sauvages quand elles viennent butiner, au moment de la floraison des arbres de la forêt de Djaâfra et il faut bien connaître le parcours des essaims et savoir faire la distinction entre les abeilles jeunes et les abeilles plus âgées, explique-t-il. Ce «chasseur d'abeilles», connu des habitants du douar Ouchanane, localité enclavée à l'intérieur du domaine forestier de la région de Djaâfra, avoue qu'il est le seul à connaître quelques ruches dans les profondeurs des bois. Grand amateur de produits «bio», il avoue s'adonner là, à un «braconnage» dans le domaine forestier de l'Etat, une activité qui tombe sous le coup de la loi. Il se hâte de souligner pourtant qu'il y a braconnier et braconnier car il ne s'empare pas de tout le miel du rucher et s'évertue à laisser une réserve aux abeilles qui doivent survivre pendant l'hibernation, explique-t-il, de même qu'il se défend d'être poussé par une motivation pécuniaire et, citant l'adage : «Il faut obéir à la nature pour la dominer», il se démarque des «chasseurs qui font des battues à grande échelle, les oiseleurs qui ont décimé les chardonnerets ou les ramasseurs de champignons qui ne savent pas épargner les racines pour la pousse de la saison suivante. Cet apiculteur singulier de la forêt de Djaâfra a confié que «le secret des ruchers des bois doit être bien gardé. On ne le confie même pas à ses enfants, sinon c'est la ruée vers ces endroits et la disparition assurée des essaims qui quitteront alors la région». Le vieil homme affirme que le miel sauvage est «de bien meilleure qualité que le miel domestique et son efficacité est supérieure lorsqu'il est utilisé pour des cures ou des soins». Ce produit rare est réservé par cet habitué des forêts et des montagnes de la région nord des Bibans, aux cures prescrites aux personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques. Certains malades arrivent à se procurer ce miel à 5 000 DA le kilo, alors que le miel domestique est cédé à 4 000 DA s'il est réputé «100% naturel» quand les apiculteurs assurent que le sucre de table ne remplace pas le miel pour l'hibernation des abeilles. C'est dire que les paysans de la région ont, de tout temps, apprécié les vertus thérapeutiques du miel bien avant le développement de l'apiculture moderne. On n'a pas pour habitude d'utiliser ce produit béni dans la cuisine mais comme une sorte de traitement recommandé pour certaines affections bénignes. la Direction des services agricoles (DSA), de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj a produit, cette année, 577 quintaux de miel pour environ 25 000 ruches.