Même si l'ambiance n'a pas encore atteint son rythme "pharaonique" dans le camp égyptien en prévision de la confrontation de ce samedi, Le Caire commence tout de même à vibrer avec les arrivées incessantes des supporters des Verts. Notre envoyé spécial, Djamel Ouaglal, a tâté le pouls, ce matin, et livre à nos lecteurs tout ce qui entoure ces retrouvailles égypto-algériennes. Qui de l'Algérie ou de l'Egypte aura ce privilège historique ? A Alger, on ne jure que par les Fennecs, mais il faut savoir qu'en Egypte, ce sont les Pharaons qui partent avec les faveurs des pronostics. guerre, si on peut l'appeler ainsi, psychologique fait des ravages dans les deux camps. Mais contrairement à ce qui se passe en Algérie, on ne sent presque pas qu'un important rendez-vous frappe à la porte de Oum Eddounia. La rue égyptienne est beaucoup plus préoccupée par son quotidien, mais certains ne ratent pas l'occasion d'évoquer le match dès qu'ils sentent un Algérien dans les parages. En effet, les Egyptiens parlent avec beaucoup de retenue du match qui aura lieu samedi prochain, mais ils n'hésitent pas pour autant à nous déclarer à chaque fois, que notre sélection nationale n'a aucune chance au Cairo Stadium. «Nous vous aimons bien, mais c'est nous qui irons au Mondial», entendons-nous à chaque coin de rue de la très encombrée ville du Caire. Hormis quelques vendeurs à la sauvette de drapeaux égyptiens, nous sommes très loin de ce que nous voyons dans toutes les villes d'Algérie, où ce nouveau business est florissant depuis le fameux match Algérie-Egypte à l'aller au stade Mustapha-Tchaker de Blida. Cela dit, le calme n'est que précaire. En sillonnant les rues très animées du Caire hier soir, la tension semblait aller crescendo. Les emblèmes rouge, blanc et noir font leur apparition dans plusieurs endroits, contrairement aux précédents jours. Il y a même un citoyen égyptien qui, depuis le toit d'une voiture, vante la gloire d'Aboutrika et de ses compères. D'ailleurs, dès qu'il nous a reconnus, il a crié à tue-tête, histoire de marquer son territoire : «Nous allons vous laminer.» «Nous allons partir en Afrique du Sud et vous allez pleurer samedi prochain», nous dira Essayed. Il est rejoint par un de ses pairs qui déclare : «Je me demande pourquoi vous vous êtes donné la peine de vous déplacer jusqu'ici. Vous allez prendre une raclée samedi au Cairo Stadium.» Toutefois, nous pouvons affirmer que, jusqu'à présent, aucun dépassement n'a été signalé, même si de nombreux Algériens sillonnent déjà les rues du Caire. Il faut tout de même préciser, qu'à l'approche du match, les Egyptiens commencent à s'y intéresser de plus en plus. Il est certain qu'à partir d'aujourd'hui, l'image du Caire paisible et indifférente, changera pour créer des images plus colorées. Il est clair que l'objectif de l'explication de samedi prochain revêt un caractère très important pour les Egyptiens, qui veulent montrer à tout le monde qu'ils sont les plus forts. Le défi Les «sans billets» algériens jurent de rentrer au stade l Dès notre sortie de l'aéroport du Caire, plusieurs de nos compatriotes, en proie au désarroi, sont venus à nous pour demander si nous avions des billets d'entrée au stade. Ils ont été très déçus d'apprendre que les billets réservés aux supporters algériens avaient été vendus en Algérie. Cependant, ils ne veulent pas lâcher prise. Ils jurent qu'ils seront au stade samedi prochain coûte que coûte. Certains sont allés jusqu'à dire qu'ils sont prêts à acheter le fameux «bon d'accès» au marché noir et suivre l'évolution des Verts dans les tribunes réservées aux Egyptiens. «Ce sera dur, mais je n'ai pas fait plus de 3 000 kilomètres pour voir le match à la télévision. De ce fait, il aurait été préférable de rester chez moi», nous dira Mahmoud de Batna. Il est clair que la mission de ces «sans billets» sera des plus ardues et il leur faudra un miracle pour espérer accéder au stade le jour du match. Malgré la difficulté, ils sont décidés à voir leurs favoris de près quelles qu'en soient les conséquences. Il faut relever que l'ambassadeur d'Algérie en Egypte, Abdelkader Hadjar, avait bien demandé aux Algériens sans billets de ne pas effectuer le voyage. La réalité Rien ne peut stopper le marché noir l La vente des billets en Egypte a commencé hier et comme chez nous, en Algérie, seuls les plus chanceux auront l'occasion de décrocher le fameux sésame pour accéder au Cairo Stadium samedi prochain. Huit points de vente ont été mis à la disposition des supporters égyptiens. Il s'agit des sièges d'Al-Ahly et du Zamalek, Ech-Chems, Héliopolis, Es-Sayd, d'El-Maâdi, 6-Octobre et enfin le siège de la Fédération égyptienne de football. Toutefois, contrairement à ce qui avait été avancé par le président de la FEF, Samir Zaher, plusieurs billets ont été écoulés au marché parallèle. Il y a, même, des Algériens qui en ont bénéficié. Ces derniers devront, cependant, vivre la rencontre dans les gradins réservés aux supporters égyptiens où ils auront bien du mal à la suivre. D'ailleurs, plusieurs de nos compatriotes rencontrés dans les rues du Caire, n'ont pas de billets d'accès au stade. Ils nous diront que la seule alternative, c'est d'acquérir le ticket d'entrée par le biais du marché noir, quitte à suivre le match sur les nerfs. «Je dois absolument rentrer au stade. J'ai fait toute une gymnastique pour arriver au Caire et vous voulez que je rate cet événement ? C'est impensable !», nous dira Yacine, un Algérien venu de Tunisie. Selon M. Djiar qui se trouve au Caire Eventuelle révision à la hausse du nombre de billets pour les Algériens n Le ministre de la Jeunesse et des sports, Hachemi Djiar, qui se trouve depuis hier au Caire, a appelé, dans une déclaration à la presse égyptienne, les supporters des deux sélections algérienne et égyptienne à faire preuve de fair-play : «la rencontre sportive du 14 novembre reste une rencontre de football ordinaire malgré son caractère sensible et décisif.» Le résultat de la rencontre, quel qu'il soit, «ne saurait entamer les relations historiques et étroites» entre les deux peuples frères, a-t-il ajouté. Pour M. Djiar, cette rencontre offre «l'opportunité d'un nouveau départ» pour les relations bilatérales dans le domaine sportif, soulignant «la nécessité d'intensifier les rencontres amicales à tous les niveaux en vue de faire du football et du sport en général un trait d'union entre l'Algérie et l'Egypte». Il a également exprimé son souhait d'assister à une rencontre de qualité précisant que la victoire serait avant tout celle d'un pays arabe, quelle que soit l'équipe victorieuse. A une question sur les billets réservés aux supporters algériens, M. Djiar a indiqué qu'une réunion était prévue, aujourd'hui, avec son homologue égyptien, Hassen Sakr, président du conseil national égyptien des sports pour examiner la question et étudier une éventuelle révision à la hausse de leur nombre. Le vœu Voir Aboutrika, Abd Rabbo, Al Hadary au Mondial avant… l Même s'ils ne montrent pas autant d'enthousiasme que les Algériens, les Egyptiens ne sont pourtant pas indifférents. A chaque fois que l'on évoque le big match Egypte-Algérie, ils laissent paraître leur amour pour la patrie. Pour eux, il n'est pas question de priver l'actuelle génération des Pharaons d'une participation à la Coupe du monde. Pour la plupart, le scénario d'une élimination n'a jamais effleuré leur esprit depuis que l'Egypte a réussi à vaincre la Zambie et le Rwanda chez eux. «Nous avons une génération de joueurs qui méritent d'aller au Mondial. Nous avons été deux fois consécutives champions d'Afrique, ce serait dommage que nos joueurs ne participent pas à la Coupe du monde. Notre équipe est meilleure que la vôtre et nous allons tout faire pour vous barrer la route», nous dira un supporter égyptien qui souhaite ardemment que cette génération de joueurs aille au Mondial avant de raccrocher. «Ce serait malheureux que Aboutrika, Abd Rabbo, Al-Hadary et les autres ratent cet événement très important pour un footballeur.» Et un autre d'enchaîner : «La majorité de l'équipe égyptienne est en fin de carrière, il ne faut pas la priver d'une telle récompense.» L'arme Hossam Hassan pour narguer les Algériens l Pour les Egyptiens, l'ancien avant-centre des Pharaons, Hossam Hassan, reste une idole. Les Egyptiens rappellent, chaque fois, le but inscrit face à l'Algérie lors du dernier match des éliminatoires de la Coupe du monde-1990. «Nous avons beaucoup de Hossam Hassan en Egypte. Nous allons refaire le même coup cette fois encore à l'occasion de ce match.» C'est en ces termes que l'on relate la performance de Hossam Hassan face au portier algérien Larbi El-Hadi. Et même si nous essayons de dire que le but était entaché d'une faute sur le gardien de but algérien, ils ne veulent rien savoir. Il n'en demeure pas moins que nous leur avons rafraîchi la mémoire en évoquant le but de Hocine Achiou lors de la CAN-2004 en Tunisie face à ces mêmes Egyptiens. Les Algériens aussi possèdent leurs armes, mais c'est le terrain qui déterminera le prochain qualifié au Mondial sud africain. La presse égyptienne ce jeudi matin : toutes les plumes font couler la même encre Rédaction n A la veille du big match Egypte-Algérie, de larges espaces ont été consacrés à cet événement par la presse égyptienne de ce matin. Les Egyptiens rêvent déjà de faire la fête juste après le match de samedi prochain. ‘Al Ahram' a mis en exergue la décision de la FIFA de faire jouer un éventuel match barrage au Soudan si les deux formations n'arrivent pas à se départager à l'issue du match de samedi prochain. Cette éventualité pourrait être effective dans le seul cas où l'Egypte gagnerait par un écart de deux buts. Le journal gouvernemental a évoqué aussi le grand engouement populaire qu'a connu l'opération de la vente des billets, qui a débuté hier et qui se poursuivra jusqu'à demain, vendredi, à 20 heures locales. On peut lire en page 17, «Des milliers de supporters prennent d'assaut les points de vente et s'accordent tous à soutenir les Pharaons.» Le journal évoque aussi la participation de Abd Rabbo qu'on estime quasiment forfait pour le match. ‘Al Gouhouriya' a mis l'accent sur les préparatifs des Egyptiens. Sous le titre de «Shehata affûte ses armes et prépare ses joueurs psychologiquement», il affirme que l'équipe égyptienne est fin prête pour le match. Le travail effectué ces derniers jours se résume à l'aspect psychologique où l'entraîneur Shehata ne cesse de parler avec ses joueurs afin de faire baisser la pression qui pèse sur leurs épaules. Par ailleurs, le journal parle de mesures draconiennes pour accueillir l'équipe nationale algérien qui devra arriver au Caire cet après-midi. ‘Al Shourouq Al-Jadid' titre en Une : «Les Billets pour Egypte-Algérie bloquent les rues du Caire.» En pages intérieures, on peut lire : «Le service de sécurité a évité une catastrophe à cause des billets.» Dans cet article, il relate ce qui s'est passé au siège du club Zamalek, un des points de vente, où un renfort considérable des services de l'ordre a été dépêché pour réguler l'affluence des supporters à la recherche d'un ticket pour assister au match. En ce qui concerne les préparatifs de la formation égyptienne, ce même journal estime qu'ils se déroulent dans de bonnes conditions. Le seul point noir pour l'entraîneur Hassan Shehata reste l'indisponibilité du milieu de terrain du Nadi Dubaï, Hosny Abd Rabbo. ‘Shehata refuse de s'aventurer avec Abd Rabbo. Le joueur a effectué de légères séances d'entraînements, mais sa participation reste très incertaine.» Par ailleurs, on peut lire que les portes du stade seront ouvertes à 15h, soit trois heures et demie avant l'entame de la rencontre. Pour ‘Al Akhbar', la qualification passe par trois étapes. «La première réside dans un but marqué dès le début de la rencontre.» Le journaliste concocte un scénario idéal, qui verra les Pharaons attaquer dès le départ et faire le maximum pour marquer dans les premières minutes. Cela va, selon l'auteur de l'article, déstabiliser les joueurs algériens. Pour la deuxième étape, il faudra se montrer plus adroit pour ne laisser aucun espace à l'équipe algérienne, alors que la troisième se résume dans le rôle des supporters qui devront jouer leur jeu à fond. L'auteur de l'article affirme que les chansons patriotiques diffusées depuis un certain temps risquent d'agir négativement sur le mental des joueurs. «Il faudra laisser les supporters soutenir leur équipe à leur manière.» ‘Al Mountakhab' ouvre en Une sur la décision de faire jouer l'éventuel match barrage au Soudan. «L'Egypte gagne une première bataille psychologique face à l'Algérie.» Mais le sujet, qui occupe une place importante dans les colonnes du journal, concerne la vente des billets. On peut même lire : «La guerre des billets gagne les rues du Caire» où les supporters ont pointé du doigt les responsables de la FEF qui n'auraient pas mis à disposition une quantité suffisante de billets. Le journaliste parle même d'une intervention «d'en haut» pour obliger les responsables de la FEF à mettre les tickets en vente afin d'éviter les affrontements au niveau des guichets. Shehata, pour sa part, estime que la désignation du Soudan pour un éventuel match d'appui constitue un signe positif pour sa formation. Enfin, le journal d''Alhly' montre la star Aboutrika, à genoux et levant les mains au ciel pour implorer Dieu. Avec un seul titre : «Ya Rab», cela explique le vœu des Egyptiens de voir leur équipe arriver en Afrique du Sud l'année prochaine. Le journal décortique aussi la tactique des Pharaons et les trois éventuels scénarios que projette Shehata. Neuf joueurs sont sûrs de faire leur entrée dès le début face à l'Algérie. Il s'agit de Issam Al-Hadary, Ahmed Fethi, Ahmed Saïd Ouka, Hani Saïd, Mohamed Chawki, Saïd Mouaâwad, Mohamed Aboutrika, Amr Zaki et Ahmed Hassan. Pour les deux postes restants, il faudra attendre l'avis définitif du staff médical concernant la participation du milieu de terrain Hosny Abd Rabbo. Le barrage Le Soudan semble choisir son camp… l'Egypte l Après le tirage au sort, relatif au pays qui devra abriter la rencontre d'appui entre l'Algérie et l'Egypte en cas d'égalité parfaite, une grande satisfaction a été perçue chez les Egyptiens. D'ailleurs, les Egyptiens évoquent déjà une première victoire sur l'Algérie, qui a choisi la Tunisie. Ils estiment qu'il s'agit là d'un signe qui accentue les chances des Pharaons à passer l'écueil des Fennecs. Par ailleurs, les Egyptiens affirment qu'ils sont soulagés par la décision de la Fifa surtout que leurs voisins soudanais leur ont déjà affiché leur soutien, juste après l'annonce de la nouvelle. Une attitude qui cache mal les inquiétudes des Egyptiens, lesquels, malgré leur optimisme, s'accrochent à un détail, celui qui les mènera au match d'appui. Les Verts Ziani et Cie, cet après-midi au Caire n La délégation algérienne arrivera cet après-midi au Caire, à 16h 30 heure locale. Les Verts arriveront en Egypte par avion spécial en provenance de Florence où ils ont effectué un stage de six jours. L'équipe sera hébergée à l'hôtel Iberotel, sis à quelques kilomètres de l'aéroport international du Caire et du Cairo Stadium. Les capés de Saâdane effectueront une séance de décrassage à l'hôtel dès leur arrivée où ils seront accueillis par le ministre de la Jeunesse et des Sports algérien, Hachemi Djiar, qui a rejoint la capitale égyptienne hier en début d'après-midi. Les Verts s'entraîneront demain au Cairo Stadium à l'heure du match et ce sera la seule séance prévue en Egypte avant la grande explication du samedi prochain. Cheb Khaled jouera la première mi-temps n La star du raï se produira ce soir en duo avec le chanteur égyptien Mohamed Mounir. Une avant-première du grand match entre l'Egypte et l'Algérie. Le concert devra se dérouler à guichets fermés où plusieurs Algériens et Egyptiens assisteront à ce show. Ce sera l'occasion pour les deux chanteurs de dépassionner un peu les débats en attendant le grande explication du Cairo Stadium. La visite Gamal Moubarak au «chevet» des Pharaons l Gamal Moubarak, le fils du Président d'Egypte a rendu visite aux Pharaons pour montrer le grand intérêt que porte le gouvernement égyptien pour la rencontre face à l'Algérie. Les joueurs et le staff technique égyptiens ont apprécié cette visite inopinée de Gamal – qui veut succéder à son père Hosni Moubarak – venu exhorter les joueurs de l'équipe nationale de son pays à faire le maximum pour réaliser le rêve de tous les Egyptiens, à savoir se qualifier à la Coupe du monde.