Expression n Le Festival international d'art contemporain se poursuit à travers une exposition au Musée d'art moderne jusqu'au mois de février. Ce festival, qui réunit des artistes venus d'Afrique, d'Amérique latine, du Moyen-Orient et d'Europe, «a pour mission et ambition de poser l'éternelle question des conditions et de la nécessité de l'art contemporain en Algérie et dans le monde», nous explique Mohamed Djehiche, commissaire du festival. «Il vise à faire découvrir au public algérien l'art contemporain, donc les créations actuelles», poursuit-il. Interrogé sur l'art contemporain en soi, Mohamed Djehiche nous dira : «Il est évident que nous ne sommes plus à l'ère du contemplatif, du tableau qu'on accroche, mais plutôt dans une phase où l'art contemporain se veut être un art polémiste – qui veut créer une polémique.» Une polémique qui «ne se veut pas stérile ou négative mais qui, au contraire, se veut constructive.» Constructive dans le sens où la beauté a tellement été travaillée, fouillée et recherchée qu'il est devenu maintenant illusoire de continuer de travailler dans le style académique. Ainsi, l'art contemporain s'intéresse aujourd'hui à toutes les questions, qu'elles soient d'ordre sociologique, politique, culturel et même historique. «L'artiste se veut être de son temps et avoir une liberté totale dans l'utilisation des matériaux», explique-t-il. Et d'ajouter : «La fin n'est pas les matériaux mais l'idée qu'il veut développer à travers les supports.» Tout repose alors sur le concept, sur l'idée, «et c'est là, souligne-t-il, que la difficulté surgit car il s'agit de concrétiser une idée avec des matériaux nouveaux pouvant transmettre une lecture universelle.» Selon notre interlocuteur, lorsqu'on se trouve devant un tableau, soit on l'aime, soit on ne l'aime pas. «C'est une réaction instinctive, une sensation immédiate», ajoute-t-il. Cela revient à dire que devant l'art contemporain on utilise un langage différent de celui de l'art moderne ou académique. «Et c'est ce langage qu'on voudrait tout doucement inculquer au public algérien», fait savoir Mohamed Djehiche. Et de préciser : «À force d'habituer les gens à voir, à regarder autrement l'objet d'art et sur lequel on amène le public à se poser des questions sur l'objet lui-même comme sur son contenu, on aura atteint notre objectif.» Il y a ainsi, à travers ce festival, un travail qui est en train de se faire : celui de faire découvrir au public algérien, notamment les non avertis, l'art contemporain dans sa diversité et sa complexité. L'art contemporain, ancré dans la société et lié à son évolution historique, se préoccupe des questions en étroit rapport avec l'actualité. Il se trouve cependant que rares sont ceux qui achètent de l'art contemporain, hormis les grands collectionneurs ou les musées ou encore les galeries car c'est un art qui véhicule un langage différent de l'art moderne ou classique, voire académique, un langage que ne peut saisir qu'un regard averti.