Ouled Fayet Jalouse, elle verse sur son mari de l?huile bouillante et le tue. En cette journée caniculaire du 13 juillet 2002, à 1h 45, une femme encore jeune, échevelée, les yeux exorbités, vêtue d?une simple robe d?intérieur diaphane, les pieds nus, pénètre avec fracas au commissariat en hurlant : «J?ai tué mon mari, je l?ai fait frire.» L?histoire est pourtant banale, à croire que les histoires les plus simples doivent aboutir à un macabre caprice du destin. Celle-ci concerne une petite famille composée d?un couple et de trois enfants en bas âge. Le mari, sans profession, a 35 ans et vit d?expédients dont la vente de boissons alcoolisées et de drogue, en sus du recel d?objets chapardés. Il ne se contente malheureusement pas d?en faire le commerce, il en consomme aussi? grandement ! La femme a 32 ans. Elle vit cloîtrée à longueur d?année dans un gourbi fait de planches, de tôles rouillées, où l?on gèle l?hiver et l?on étouffe l?été. De plus, son mari, dans un état d?ébriété et d?inconscience quasi permanent, la bat régulièrement. Elle est exaspérée, désespérée. En ce jour fatidique, il rentrera vers 22h. Il fait très chaud. Comme à l?accoutumée, une dispute violente éclate entre eux : la femme avait entendu dire par des voisins du quartier qu?il s?était remarié en secret. Cela, Faïza ne l?admettra jamais. Pour une fois, c?est son mari qui bat en retraite. Excédé, la traitant de folle, il prend la plus petite des trois filles, 6 ans, dans ses bras et s?allonge sur un grabat. La chaleur est telle qu?il s?est dévêtu. Sa femme l?y rejoindra, s?asseyant à ses pieds... Elle guette... Elle guette le moment où le rythme de la respiration de son mari lui apprendra qu?il est profondément endormi, ce qui arrive au bout de quelques minutes à peine. La petite fille aussi s?est assoupie dans les bras de son père. Alors, la femme se lève, se dirige vers le cagibi qui lui sert de cuisine. Là, elle sort un chaudron de fonte dans lequel, calmement, elle fait couler plus de 7 litres d?huile qu?elle pose sur le feu du réchaud à gaz butane. Au bout d?une quinzaine de minutes, l?huile se met à chantonner lugubrement en dégageant une odeur âcre qui se dissipera dans la maison, incommodant la jeune femme déjà énervée par la chaleur caniculaire, les moustiques et le crime qu?elle prépare. Alors, dans un état second, elle prend le chaudron par les poignées et, comme un automate, se dirige vers la couche sur laquelle le mari ronfle paisiblement. Sans hésiter une seule seconde, elle verse l?huile brouillante d?abord sur le visage du dormeur, puis sur son torse sur ses jambes enfin, éclaboussant la petite fille qui, par un heureux hasard, s?était un peu éloignée du père dans son sommeil, et survivra à ses blessures. Le mari succombera à l?hôpital une dizaine de jours plus tard. Avant de s?éteindre, il apprendra aux policiers venus l?interroger qu?il avait ressenti quelque chose de brûlant l?asperger et qu?il s?était alors réveillé en criant, que la douleur était indescriptible et qu?il avait dû son salut «momentané» aux voisins qui, alertés par ses hurlements, avaient appelé les services sanitaires et requis une ambulance. Les soupçons de sa femme quant à son hypothétique remariage s?avérèrent non fondés. Elle a été jugée le 8 janvier 2004 par le tribunal criminel d?Alger, et condamnée à 15 ans de prison ferme.