Histoire n Les différents aspects de la personnalité de l'Emir Abdelkader ont été au centre des travaux d'un colloque national, ouvert hier à Mascara. Ce colloque entre dans le cadre de la célébration du 177e anniversaire de la première allégeance au fondateur de l'Etat algérien moderne. Le Dr Chaïb Megnounif de l'université de Tlemcen a souligné, dans une communication présentée en ouverture de ce colloque de deux jours et organisé par la direction de la culture, que l'Emir était un «chef chevronné, un homme d'Etat et fut connu pour ses qualités intellectuelles et religieuses». Fondateur de l'Etat algérien moderne, l'Emir fut connu aussi pour sa culture scientifique, puisque son père, le cheikh Mohieddine, était l'un des disciples de la tarîqa soufie Kadiria d'où les principes inculqués à son fils en théologie, philosophie, sémantique et en sciences du Coran. La première journée du colloque national sur l'Emir Abdelkader a été consacrée, hier, mardi, à Masacara, à la tolérance chez ce premier fondateur de l'Etat algérien moderne, basée entre autres sur le rejet de la violence et le respect des prisonniers de guerre. L'Emir avait édicté des lois définissant la méthode de traitement des prisonniers de guerre jusqu'à ce qu ils soient échangés contre des prisonniers détenus par l'armée française, a indiqué le professeur Bellil Rahmouna dans son intervention à l'occasion de cette rencontre de deux jours coincidant avec la célébration du 177e anniversaire du premier acte d'allégeance «Moubayaa». «L'Emir avait interdit formellement de tuer le prisonnier de guerre désarmé», a-t-elle souligné, avant d'ajouter qu'il «était un précurseur des droits de l'homme reconnus par les instances internationales dont l'ONU et la Croix- Rouge internationale pour ce qui est du traitement des prisonniers de guerre». Elle a rappelé que le colloque international tenu en avril 2006 à Genève a permis de découvrir certaines réalités historiques et aspects d'humanisme chez l'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien moderne, qui avait jeté les jalons du droit international humanitaire depuis 1837. L'Emir avait devancé les idées du fondateur de la Croix-Rouge, bien avant la signature de la convention de Genève qui n'a pu être complétée qu'en 1864. Le professeur Herbache Djazia a axé son intervention sur «Les signes de changement dans la politique de l'Emir Abdelkader et les prémices de la démocratie, qui avaient révolutionné le système de gouvernance», en se référant à la gestion des affaires de l'Etat, basée sur la choura. L'Emir avait instauré une gouvernance de type démocratique, a-t-elle souligné en substance. Les travaux de cette rencontre se poursuivent, aujourd'hui, par un débat sur divers thèmes liés à la structure linguistique et ses significations, les positions humanitaires dans la poésie de l'Emir Abdelkader, sa stratégie dans le traitement des événements internes et externes, en plus des aspects du génie et de la modernité de l'Emir, l'Algérie avant et après l'allégeance et enfin la pensée soufie et son impact sur la résistance populaire.