«L'Emir a entamé les contacts diplomatiques avec plusieurs pays pour prouver la légitimité de l'Etat algérien, notamment l'Espagne, l'Angleterre, les Etats-Unis d'Amérique et le Maroc», a souligné le Pr Boungab Mokhtar. Après deux jours d'activité en l'honneur du fondateur de l'Etat algérien moderne à l'occasion de la célébration de son 177e anniversaire, les participants au Colloque national sur l'Emir Abdelkader, clôturé mercredi soir, ont recommandé, la nécessité de revaloriser l'Histoire de l'Algérie et de s'intéresser davantage aux personnalités qui ont contribué à la fondation de l'Etat algérien moderne. Les participants ont aussi dans leurs recommandations, qualifié l'Emir Abdelkader d'homme de dialogue et de tolérance qui appelait à l'unité des rangs et qui fut connu comme chef chevronné qui consultait ses compagnons avant de prendre les décisions, soit dans la gestion des guerres ou des affaires sociales, en plus d'autres aspects de sa forte personnalité. Dans ce cadre, les intervenants ont mis la lumière sur des aspects de son génie et de sa modernité, le changement dans sa politique ainsi que son exil. Ils ont également débattu la structure linguistique et sémantique de sa poésie, ses positions humanitaires et la situation de l'Algérie avant et pendant la moubayaa et enfin la pensée soufie et son impact sur la résistance nationale. D'ailleurs, lors de l'ultime journée des travaux de ce colloque, les participants ont souligné: la légalité et la légitimité de l'Etat algérien moderne fondé par l'Emir Abdelkader. Les conférenciers, à l'instar du Pr Boungab Mokhtar de l'université de Mascara, se sont basés sur des écrits et des études arabes et occidentales qui montrent la légalité et la légitimité de l'Etat algérien moderne lors des deux allégeances à l'Emir Abdelkader, le 27 novembre 1832 sous l'arbre «Dardara» à Ghriss et la seconde à la mosquée «Sidi Hassan», connue actuellement sous le nom «Moubayaa» au centre-ville de Mascara. Parmi les facteurs témoignant de l'établissement d'un Etat moderne, le conférencier Boungab a mis l'accent sur les traités de «Desmichels» et «la Tafna» qui attestent la reconnaissance, par la France, de la légitimité de l'Emir Abdelkader en tant que représentant des tribus algériennes formant l'Etat algérien, outre l'échange d'ambassadeurs entre les deux parties, initié par l'Emir, qui a entamé ses contacts diplomatiques avec plusieurs pays pour prouver la légitimité de l'Etat algérien, notamment l'Espagne, l'Angleterre, les Etats-Unis d'Amérique et le Maroc. Les relations extérieures constituaient un prolongement de cette légitimité au temps de l'Emir Abdelkader, a-t-il souligné. De son côté, le Dr Mohamed Bachir Bouyedjra de l'université d'Oran a tenté, dans sa communication intitulée «Facettes du génie et de la modernité de l'Emir Abdelkader», de mettre en valeur des qualités de cet homme qui a su faire transposer l'Etat sur tous les plans politique, économique et social en plus de sa fondation d'un Etat moderne avec des lois de la gouvernance. Le Dr Bachir Bouyedjra a poursuivi que ce qu'avait réalisé l'Emir Abdelkader portait beaucoup de questions contemporaines et des signes de génie qui lui avaient permis de laisser son empreinte dans la résistance à l'occupation française dans la littérature, le soufisme et la pensée, surtout lors de la période de son «emprisonnement». Le conférencier a estimé également que «cette période était un bond qualitatif de la pensée et du soufisme en évoquant que la présence de l'Emir au palais "Amboise" lui avait ouvert de nouveaux horizons pour le progrès et la gloire, et non la marginalisation et le mutisme comme l'avait souhaité le colonisateur». Pour sa part, le Pr Azzouz Ahmed de la même université a abordé, dans une communication consacrée à la structure linguistique et sémantique de la poésie de l'Emir Abdelkader, sa personnalité et ses positions à travers ses poèmes, notamment son style qui reflète son expérience et sa souffrance dans la prison, tout en demeurant attaché à sa nation algérienne. «En dépit des souffrances et des conditions de son emprisonnement, l'Emir Abdelkader est resté debout et fort par ses principes, sa sagesse dans la gestion de telles conditions», a-t-il souligné. En clôture des travaux de cette manifestation, les participants ont été conviés à la projection du film sur Mustapha Benboulaïd et ont rendu un hommage à son réalisateur Ahmed Rachedi.