«Il était un précurseur des droits de l'homme reconnus par les instances internationales dont l'ONU et la Croix-Rouge internationale pour ce qui est du traitement des prisonniers de guerre», a indiqué Mme le professeur Bellil Rahmouna. La Maison de la culture de Mascara abrite depuis mardi dernier, une manifestation grandiose en l'honneur du fondateur de l'Etat algérien moderne qui revient cette semaine comme «un mythe pluriel» à l'occasion de la célébration du 177e anniversaire de la Première allégeance. En effet, le ton est donné pour deux jours d'activité au niveau de sa ville natale afin de le faire connaître à la génération montante et chasser, par là même, la culture de l'oubli. C'est dans ce sens, d'ailleurs, que les organisateurs ont mis sur pied un programme aussi riche que varié pour la circonstance. Ainsi donc, des manifestations culturelles, animées par des troupes locales, ont été organisées dans la matinée à Ghriss, distante de 20 km du chef-lieu de wilaya de Mascara. Ces manifestations ont été marquées par des exhibitions de fantasia et des expositions sur le parcours et la vie de l'Emir. Habitants et notables de la région de Ghriss avaient fait allégeance à l'Emir Abdelkader Ibn Mohied-dine, le 27 novembre 1832, sous l'arbre célèbre «Dardara». La Seconde allégeance avait eu lieu le 4 février 1833, à la mosquée Sidi Hassan, au centre-ville de Mascara, qui porte actuellement le nom de Moubayaâ, et ce, en présence des représentants des différentes tribus de la région. Les travaux de cette rencontre de deux jours, organisée par la direction de la culture, à l'occasion de la célébration du 177e anniversaire de la Première allégeance au fondateur de l'Etat algérien moderne, s'attachera, notamment durant deux jours, à décortiquer les facettes de ce grand homme, par des débats sur divers thèmes liés à la structure linguistique et ses significations, les positions humanitaires dans la poésie de l'Emir Abdelkader, sa stratégie dans le traitement des événements internes et externes, en plus des aspects du génie et de la modernité de l'Emir, l'Algérie avant et après l'Allégeance et enfin la pensée soufie et son impact sur la résistance populaire, qui seront abordés par des professeurs d'histoire des universités de Mascara, d'Alger, d'Oran, de Sidi Bel Abbès et de Mostaganem. En ouverture de ce colloque, le Dr Chaïb Megnounif, de l'université de Tlemcen, a souligné, dans une communication présentée, que «l'Emir était un chef chevronné, un homme d'Etat et fut connu pour ses qualités intellectuelles et religieuses. Fondateur de l'Etat algérien moderne, l'Emir fut connu aussi pour sa culture scientifique, puisque son père, le Cheikh Mohieddine, était l'un des disciples de la tarîqa soufie Kadiria d'où les principes inculqués à son fils en théologie, philosophie, sémantique et en sciences du Coran». La première journée du Colloque national sur L'Emir Abdelkader a été consacrée, mardi à Mascara, à la tolérance chez ce premier fondateur de l'Etat algérien moderne, basée entre autres sur le rejet de la violence et le respect des prisonniers de guerre. «L'Emir avait édicté des lois définissant la méthode de traitement des prisonniers de guerre jusqu'à ce qu ils soient échangés par des prisonniers détenus par l'armée française», a indiqué Mme le professeur Bellil Rahmouna dans son intervention à l'occasion de cette rencontre de deux jours, coïncidant avec la célébration du 177e anniversaire du premier acte d'Allégeance Moubayaâ. «L'Emir avait interdit formellement de tuer le prisonnier de guerre désarmé», a-t-elle souligné, avant d'ajouter qu'«il était un précurseur des droits de l'homme reconnus par les instances internationales dont l'ONU et la Croix-Rouge internationale pour ce qui est du traitement des prisonniers de guerre». Elle a rappelé que le Colloque international tenu en avril 2006 à Genève (Suisse), a permis de découvrir certaines réalités historiques et aspects d'humanisme chez l'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien moderne, qui avait jeté les jalons du droit international humanitaire depuis 1837. L'Emir avait devancé les idées du fondateur de la Croix-Rouge, bien avant la signature de la Convention de Genève qui n'a pas pu être complétée qu'en 1864. Mme le professeur Herbache Djazia a axé son intervention sur «Les signes de changement dans la politique de l'Emir Abdelkader et les prémices de la démocratie qui avaient révolutionné le système de gouvernance», en se référant à la gestion des affaires de l'Etat, basée sur la «choura». «L'Emir avait instauré une gouvernance de type démocratique», a-t-elle souligné en substance.