Saignée n Après les dépenses occasionnées par le ramadan, suivies par celles de la rentrée scolaire et de l'Aïd Seghir, voici venue une autre fête qui ne manquera pas de vider le portefeuille des ménages. Beaucoup devront d'ailleurs se priver de ce rituel. «J'ai décidé de faire l'impasse cette année sur un mouton qui n'est plus, de nos jours, qu'un moyen de frimer», dira Mourad d'Alger à la sortie du marché Ali-Melah à Alger. Dans le même marché, une vieille femme nous révèle : «C'est très cher, même trop cher, il paraît cette année que le prix du mouton a grimpé jusqu'à 40 000 DA.» Une mère de quatre enfants nous dit ne pas avoir consommé de viande de «ghalmi» depuis le ramadan dernier, et qu'elle est ruinée par la flambée des prix. Quant à Ammi Abderrahmane, septuagénaire rencontré dans un marché de Birkhadem, il nous dit paisiblement : «conformément à notre religion, je donne le 1/3 du mouton que je vais sacrifier aux nécessiteux, le reste je le garde pour ma petite famille, il m'arrive souvent de donner le mouton entier aux pauvres.» Un passant, moins chanceux, déclare avec dépit : «J'ai fait le tour du marché, sillonné Alger et ses alentours, les prix m'ont donné le tournis.» A Tizi Ouzou plus exactement au souk de Tala Athmane, les moutons atteignent aisément les 80 000 DA, notamment ceux destinés aux combats et à l'exhibition, a fait remarquer Karim, habitant cette ville. Interrogé sur cette flambée, un connaisseur en bétail précise que l'augmentation des prix du mouton par rapport à l'année dernière est estimée à plus de 30%. Et d'enchaîner : «La demande est nettement supérieure à l'offre.» Cette année les Hauts-plateaux ont connu de fortes pluies ce qui a fait pousser l'herbe. Cela a encouragé les éleveurs à vendre à des prix élevés car la mévente ne leur causera aucune perte d'autant plus que le pâturage est gratuit. En gros, cette année les prix varient entre 24 000 et 35 000 DA par tête. Il reconnaît toutefois que le citoyen risque d'être victime de certaines pratiques frauduleuses par des pseudo-éleveurs de bétail qui n'hésitent pas à utiliser toutes sortes de méthodes peu orthodoxes pour faire prendre du poids, au mouton, en un laps de temps très court. Il s'avère également que certains qui veulent s'enrichir rapidement, ajoutent des produits chimiques à l'alimentation de base du cheptel, ou alors de l'orge mélangé au sel pour doubler le poids de leurs moutons. Au niveau des marchés à bestiaux de Sougueur, Ksar Chellala, Frenda et Rahouia, pour ne citer que ceux-là, dira notre «interlocuteur, «il est quasiment impossible de trouver un mouton, n'atteignant même pas les 18 kilogrammes, en dessous de la barre des 18 000 DA, alors que le bélier peut atteindre facilement les 45 000 DA». A Relizane, les premières constatations enregistrent une hausse de 6 000 à 11 000 DA par rapport à l'année passée. Et nombre de familles ne pourront pas s'offrir un mouton de 15 à 20 kg dont le prix varie entre 18 000 et 21 000 DA contrairement à l'an dernier où il était possible d'acquérir la même bête à 12 000 jusqu'à 16 000 DA. Cette augmentation des prix, selon certains éleveurs, s'explique par les difficultés qu'ils éprouvent à nourrir leur cheptel à cause des prix élevés des aliments de bétail et au manque de zones de pacages. Il est bon de rappeler que le quintal d'orge se vend à 3 000 DA.