La perf' n En juin prochain, du côté de l'Afrique du Sud, le monde arabe et le Maghreb en particulier auront les yeux braqués sur leur unique représentant : l'Algérie. Deux dates, un pronostic et un résultat des courses. En novembre 2007, la plupart des spécialistes avaient coché les noms des cinq favoris du continent qui devraient se retrouver l'été prochain en Afrique du Sud : l'Egypte, le Cameroun, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Nigeria. Soit les ténors du continent auxquels certains ont rajouté la Tunisie, seule nation capable d'exporter son football au-delà du continent. Novembre 2009 : quatre nations répondent à l'appel sauf l'Egypte, double championne d'Afrique (2006 et 2008), qui a été écartée par l'Algérie, dont la qualification a été indiscutable, selon les officiels mêmes de la FIFA. Pourtant, rien ne présageait une telle issue d'autant que l'objectif de la Fédération algérienne de football visait une place à la CAN-2010 après une absence aux éditions de 2006 et 2008. Grâce à une politique qui a toujours été payante depuis les réformes et le passage au professionnalisme du football de ce pays en 1995, l'élimination de la Tunisie a été ressentie comme une véritable catastrophe nationale, sportivement parlant. Il faut dire que l'élimination au premier tour lors de la CAN en 1994 organisé sur leurs terres un an auparavant, avait donné à réfléchir aux responsables du football tunisien qui, en l'espace de dix ans, ont réussi à conquérir le trophée qui leur manquait : la CAN. C'était en 2004, mais auparavant les efforts consentis avaient déjà porté leurs fruits puisque nos voisins de l'Est étaient à la Coupe du monde en France en 1998 avant d'enchaîner avec les deux suivantes en 2002 (Corée et Japon) et 2006 (en Allemagne). Cependant, et selon certains analystes du football maghrébin, les Tunisiens ont tendance à se plaire dans cette situation d'exposition au Mondial, comme l'est leur vitrine touristique, sans aller plus loin, c'est-à-dire conquérir un titre africain hors de leurs frontières ou bien de passer plusieurs tours en phase finale d'une Coupe du monde. Est-ce un manque d'ambition ou un problème de mentalité ? La question fait aujourd'hui débat en Tunisie, surtout après l'élimination presque inattendue des Aigles de Carthage samedi 14 novembre à l'issue de leur défaite au Mozambique (0 à 1) dans une rencontre où ils ont déçu tout un peuple, laissant passer le Nigeria qui est allé battre le Kenya à Nairobi (3 à 2). Mais contrairement aux Algériens, par exemple, dont le championnat local n'est toujours pas sorti de son ronronnement, ou aux Marocains qui se cherchent encore un futur footballistique en planchant sur un projet de professionnalisation, les Tunisiens ont l'avantage de la stabilité des structures et la rigueur professionnelle dans la gestion des affaires du football, ce qui n'est pas le fort de leurs deux autres voisins maghrébins. A cela, on peut rajouter les quatre clubs majeurs, en l'occurrence l'ES Sahel, le CS Sfax, l'Espérance de Tunis et le Club africain qui tirent à eux seuls toute la machine du ballon rond dans ce pays, vu qu'ils dominent le championnat local à tour de rôle et qu'ils s'illustrent de manière régulière sur le continent. En bons gestionnaires d'entreprises, les dirigeants du football tunisiens se remettent très rapidement en question pour tirer les enseignements utiles avant d'avancer. La stabilité au niveau de la structure fédérale et même au niveau de la sélection (où l'on ne change pas de sélectionneur tous les six mois), permet à chaque fois à la Tunisie d'outrepasser ses problèmes conjoncturels. Et il n'est donc pas étonnant de revoir de nouveau le football tunisien refaire surface, du moins au niveau de sa sélection nationale qui s'appuie de plus en plus sur une bonne partie de jeunes formés à la maison et d'autres venant des clubs européens à l'image de Chawki Bensâada.