Abus n «M. Lahmar a subi des années d'emprisonnement inhumain ; à l'isolement, il était encore séparé de tout contact humain un mois après que le juge eut estimé que sa détention était illégale», a affirmé son avocat. Saber Lahmar, un Algérien âgé de 39 ans, détenu à Guantanamo, blanchi de tout soupçon de terrorisme depuis plus d'un an, est arrivé ce mardi matin en France, a indiqué ce matin le ministère des Affaires étrangères et européennes dans un communiqué. L'annonce du transfert du ressortissant algérien de Guantanamo sur le sol français avait été annoncé hier soir par son avocat à Washington. Il est le dernier des cinq Algériens arrêtés en Bosnie fin 2001, dont un juge fédéral américain a ordonné la libération le 20 novembre 2008, à être effectivement libéré. Il est le second ex-détenu à être accueilli en France qui «contribue ainsi, comme d'autres Etats européens et non européens, à la mise en œuvre de la décision prise par le président Obama, au lendemain de son investiture, de procéder à la fermeture du centre de détention de Guantanamo», rappelle le communiqué du ministère à Paris. Un autre détenu, Lakhdar Boumediene, avait en effet été libéré en France le 15 mai 2009. Parmi les premiers à avoir été incarcérés dans le centre de détention américain de Guantanamo, à Cuba, Sabar Lahmar y aura passé en tout huit ans. Robert Kirsh, son avocat, a affirmé que son client «sait où il va vivre et s'est déjà renseigné sur le type de travail qu'il pourrait faire». «Il veut reprendre sa vie», a ajouté M. Kirsh qui a chaleureusement remercié le gouvernement français. «A compter d'aujourd'hui, les efforts doivent porter sur la bonne intégration de M. Lahmar en France. Après sept années d'incarcération à Guantanamo, M. Lahmar peut enfin renouer avec une vie normale. Il doit pour cela bénéficier, dans les semaines à venir, des conditions de sérénité et de sécurité nécessaires», a encore indiqué le Quai d'Orsay. Arrêté à l'automne 2001, sous le soupçon qu'il fomentait un attentat contre l'ambassade américaine de Sarajevo avec cinq autres Algériens, Saber Lahmar résidait légalement en Bosnie, marié à une citoyenne bosniaque. Après des années d'enfermement et une victoire devant la Cour suprême américaine en 2008, les six hommes ont été les premiers à contester le bien-fondé de leur détention devant la justice de droit commun, en octobre 2008. Après le départ de trois de ses compagnons d'infortune quelques semaines plus tard en Bosnie, puis de Lakhdar Boumediene en France, M. Lahmar avait refusé de retourner en Bosnie au mois de juin. Ayant appris le peu de soutien que le gouvernement bosniaque avait accordé aux autres anciens détenus de Guantanamo, M. Lahmar avait peur de ne pas être bien accueilli, selon son avocat. C'est alors qu'il avait déposé une demande officielle à la France. A noter que dans le même avion, hier soir, deux Tunisiens ont été livrés aux autorités italiennes pour être jugés et un Palestinien a été accueilli, libre, en Hongrie, selon des sources concordantes.