Témoignage n Pour notre collègue Djamel Ouaglal, qui a couvert le match d'appui livré par les Verts face aux Egyptiens le 18 novembre dernier au stade d'El-Merrikh, les Soudanais ont adopté les Algériens dès leur arrivée à l'aéroport de Khartoum. «J'ai assisté à l'arrivée du premier groupe de supporters le lundi 16 novembre aux environs de 8 heures. Ils ont créé une ambiance particulière. Le premier slogan qu'ils ont entonné était : Djeïch, chaâb, maâk yal El-Bachir (l'armée et le peuple sont avec vous M. El-Bachir). Les policiers, les douaniers et les employés de l'aéroport ont fait leur choix sur-le-champ. Ils n'arrêtaient d'ailleurs pas de nous dire que les Egyptiens ont dépassé toutes les limites en agressant et les joueurs et les supporters algériens à Khartoum», raconte-t-il. Et de relever que les Soudanais n'ont pas mis beaucoup de temps pour afficher leur soutien à l'Algérie : «Ils ont été nombreux à nous demander l'emblème national. Quand des drapeaux ont été distribués au niveau de l'ambassade d'Algérie, ils s'étaient présentés en grand nombre, il y avait des centaines et des centaines de personnes, on a frôlé l'émeute franchement car tout le monde voulait avoir, coûte que coûte, un drapeau algérien.» Selon notre collègue, le peuple soudanais s'est plié en quatre pour mettre à l'aise nos compatriotes : «Toutes les maisons soudanaises vous sont ouvertes, si l'un de vous n'a pas où passer la nuit, il n'a qu'à frapper à la première porte et on le prendra en charge, nous disait-on à chaque coin de rue.» La confiance s'est ainsi installée et une certaine complicité est née entre les visiteurs et leurs hôtes : «Nos jeunes montaient souvent sur les toits des véhicules, des bus et des petits fourgons de transport pour manifester leur soutien aux Verts, ce qui était du goût des chauffeurs ! Ceux-ci se mettaient de la partie à chaque fois en chantant et en dansant. Bien évidemment, beaucoup d'entre eux entonnent facilement le fameux slogan : One, two, three, viva l'Algérie.» Mis en confiance, les Algériens prenaient place au niveau des tables dressées en plein air par des femmes proposant thé et café «à la manière des Soudanais». Nos jeunes supporters tenaient à chaque fois à offrir du thon, du fromage et des sardines aux familles soudanaises. Il faut dire que la population locale est, dans sa majorité, de modeste condition sociale. Ce qui ne laissait pas indifférents nos compatriotes. «J'ai vu un groupe de supporters insister auprès d'une femme d'un certain âge pour qu'elle prenne le maximum de provisions. Zidi, zidi (encore, encore), lui lançaient-ils à l'unisson», note Djamel. Même s'ils manquent d'infrastructures, les Soudanais ne rechignent pas à l'effort. Pour subvenir à leurs besoins, ils vendent des produits d'artisanat, du thé, des fruits et des légumes, entre autres. Il reste que la vie est un peu chère à Khartoum, selon notre collègue qui garde d'excellents souvenirs de son voyage. Mais «s'il y a une chose que je ne suis pas près d'oublier, c'est cette discussion que j'ai eue avec un jeune homme soudanais alors que j'étais dans une pizzeria. Il m'a interpellé pour me faire remarquer qu'il a un reproche à faire aux Algériens. J'ai cru qu'il allait me parler de dépassements commis par nos supporters. Mais quelle ne fut pas ma surprise quand il me dit : «si ce n'était pas ce match, vous ne seriez jamais venus ici.» Les Egyptiens sont passés par là n Aussi surprenant que cela puisse paraître, certains Soudanais croyaient que les Algériens ne comprenaient pas l'arabe. «C'est ce qu'on m'a signifié à plusieurs reprises. Evidemment, ce sont les Egyptiens qui ont fait circuler ce mensonge à travers leurs chaînes de télévision, dont les programmes sont très suivis au Soudan», témoigne notre confrère Rachid Belarbi qui a couvert le match Algérie-Egypte du 18 novembre dernier pour le compte du quotidien Liberté. Il semble aussi qu'une partie de la population soudanaise ignore le nombre exact de martyrs donnés par l'Algérie pour arracher son indépendance. «On m'a souvent posé la question pour savoir si le nombre était un million ou un million et demi», affirme-t-il.