Paradoxe 11% au mieux des foyers de la wilaya sont alimentés en gaz de ville, alors que des champs de production sont exploités par des sociétés étrangères. Le président de la République, qui a effectué une visite ces derniers jours, a été interpellé par la détresse de cette région qui compte l?une des plus importantes réserves gazières du pays, mais qui reste la plus défavorisée dans la distribution de cette énergie. M. Bouteflika a été «choqué» d?apprendre que 11% au mieux des foyers de la wilaya sont alimentés en gaz de ville, alors que plusieurs entreprises étrangères dont Total, British Petroleum et Exxon exploitent six champs de production. Ce taux de raccordement a été jugé très faible par le chef de l?Etat, voire «illogique», nécessitant la révision de la politique nationale de distribution de gaz. Ce dernier étant produit dans les régions du Sud, exporté vers l?étranger et couvrant plus de 90% des besoins de la région nord du pays, devrait être, selon le même responsable, servi en premier lieu dans les wilayas du Sud qui connaissent une forte consommation d?énergies gazière et électrique durant l?hiver ou l?été. Pour les besoins d?In Salah, les autorités locales ont mis en place un projet d?alimentation en gaz d?un montant global de 156,3 millions de dinars. Il est destiné à 26 400 habitants de la daïra et permettra d?augmenter le taux de raccordement à 23%. In Salah a en outre bénéficié d?un projet d?alimentation en eau potable dont le financement, estimé à 180 millions de dinars, est assuré par le Fonds spécial de développement du Sud. Ce projet comprend plusieurs forages et l?extension du réseau de distribution, pour couvrir les besoins locaux jusqu?à l?horizon 2020. Les jeunes du Tidikelt qui souffrent de l?enclavement et de la pauvreté de leur localité ne souhaitent qu?une chose : qu?In Salah devienne wilaya. Selon eux, sa superficie, qui est de 72 334 km2, et la distance (près de 700 km) qui la sépare du chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset à laquelle elle est administrativement rattachée sont autant d?éléments qui militent en faveur de cette revendication. De plus, cette daïra se lance de façon prometteuse dans l?agriculture. L?absence de loisirs et de structures d?accueil pour les jeunes de la région a justifié la création d?une maison de jeunes, d?une auberge et d?un complexe sportif qui vont regrouper filles et garçons désespérés par leur isolement et par leur échec scolaire autour d?activités culturelles et éducatives multiples. Même les diplômés d?université n?ont pas toujours l?occasion d?échapper à ce marasme car il faut des moyens importants pour suivre des études dans les villes du Nord, à commencer par les frais de transport (15 000 DA un aller-retour Alger-In Salah). Si les pouvoirs publics ont décidé de lui réserver cette année 55% du budget de la wilaya de Tamanrasset qui est de 3,6 milliards de centimes, ils n?apportent toutefois pas de réponses concrètes aux problèmes de santé et à la marginalisation de la femme dans cette localité, qui, pour l?heure, n?est pas en mesure de poursuivre ses études. La majorité d?entre elles ne vont pas au-delà du primaire. Le cimetière d?In Salah, à Adrar, témoigne des malades, femmes enceintes et accidentés qui ont fait le voyage jusqu'à Adrar dans l?espoir d?être soignés, mais en vain.