Climat n Depuis la déclaration d'Alger, les pays africains ont une position africaine commune pour la première fois dans l'histoire de ce continent en matière de changements climatiques. Cette position a été affirmée à Nairobi en juin dernier et a été confirmée devant les dix chefs d'Etat qui ont été désignés par leurs pairs à Addis-Abeba au mois de novembre. Interrogé ce matin par la Chaîne III de la radio nationale sur les propositions africaines en matière de changements climatiques, Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, a indiqué que l'Afrique était totalement absente à Kyoto, et elle était timidement représentée à Bali, en revanche elle sera fortement représentée à Copenhague. Cette position commune des pays africains part d'un constat que tout le monde partage aujourd'hui : la gravité de la situation climatique sur notre planète qui ne peut perdurer parce qu'elle remet en cause le développement durable de l'ensemble de la communauté, pis encore ceux qui seront le plus brutalement affectés sont les pays du Sud, et à leur tête l'Afrique. En effet, ces pays seront affectés dans les domaines qui sont stratégiques tels que l'agriculture, l'eau et l'énergie. «Nous serons sérieusement touchés par ce qu'on appelle les phénomènes extrêmes comme les inondations, la sécheresse ainsi que les remontées des eaux», a souligné M. Rahmani. Tous ces phénomènes sont des problèmes graves qui sont liés directement à la survie des populations. Par conséquent, la question du climat est fondamentale pour l'avenir de l'Afrique car elle va aggraver davantage la pauvreté. Si les participants au Sommet de Copenhague ne sortent pas avec des mesures concrètes, le développement sera différé en Afrique. «C'est dans ce cadre-là que nous avons des propositions sérieuses pour identifier les responsabilités et pousser les pays développés à être à l'avant-garde de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et qui nous permettront d'atteindre en 2020 et 2050 une stabilisation de ces émissions et donc à une réduction de la hausse de la température à l'horizon de 2020», a expliqué M. Rahmani. «Ce que nous proposons c'est de dire tout simplement aux pays développés qu'ils doivent aujourd'hui prendre leurs responsabilités historiques, jusqu'ici non assumées», a dit M. Rahmani. Par ailleurs, il est essentiel aujourd'hui que les pays en voie de développent puissent bénéficier de soutiens, d'appuis et d'accompagnements financiers et technologiques qui leur permettent de verdir leurs économies et de passer à une économie beaucoup moins carbonées et d'aller directement vers ce qui est appelé «une économie verte». «Pour cela il faut que nous puissions maîtriser les nouvelles technologies et les nouvelles démarches et cela nécessite un soutien des pays développés», a ajouté M. Rahmani. l Interrogé sur des discussions au niveau des pays développés d'une éventuelle imposition d'une taxe sur les hydrocarbures, M. Rahmani a indiqué qu'il n'est pas question de pénaliser le développement des pays du Sud, notamment les pays producteurs de pétrole, qui vont subir de plein fouet les effets du changement climatique. «Il est totalement exclu que les bureaux d'études acceptent qu'il y ait des taxes pénalisantes y compris des taxes carbone, parce que nous pensons que le fardeau doit être pris par les pays qui, historiquement, sont responsables des émissions de gaz à effet de serre, qui ont modifié durablement le climat dans notre planète», a martelé M. Rahmani. «C'est un problème d'équité, de justice et de coût complémentaire qui doit être compensé par les pays les plus développés», a-t-il ajouté.