Le festival national du théâtre d'expression amazighe, qui se tient à Batna depuis le 10 décembre et ce, jusqu'au 18 du même mois, constitue un «acquis pour la culture populaire en Algérie», ont affirmé des metteurs en scène, comédiens et spécialistes du patrimoine amazigh participant à cette manifestation. Pour Salim Souhali, artiste et chercheur spécialisé dans le patrimoine populaire amazigh, cette manifestation «représente une initiative sérieuse» pour valoriser ce pan du patrimoine algérien qui offre à l'artiste intéressé par la culture amazighe l'occasion de «révéler ses talents et de plonger dans ce riche patrimoine qui sert le théâtre mais également les autres formes d'expression artistique telles que la musique et le chant». Toutefois, a affirmé Souhali, une approche «méthodique et scientifique à l'égard de ce patrimoine qui représente la mémoire collective de toute la société reste de mise». Hamida Aït El-Hadj, dramaturge, a, pour sa part, estimé qu'il est «nécessaire» d'organiser pareille manifestation en Algérie car, selon elle, la conservation de la mémoire collective reste «la seule arme pour affronter la mondialisation déferlant sur les peuples de la planète». «Notre culture est riche et a puisé dans diverses civilisations, mais son substrat demeure la culture amazighe que la région a connue depuis toujours», a-t-elle ajouté. «Cette culture, aux dimensions multiples, ne peut nullement être confinée dans la kachabia, la fouta et le burnous», a martelé Hamida Aït El-Hadj, estimant que les contes, les devinettes et les chansons populaires de ce patrimoine renferment un «riche fonds linguistique» et «des valeurs sublimes et authentiques dans lesquelles nous devons nous ressourcer». Pour M. Merdaci, enseignant et chercheur en langue amazighe, ce festival est «un premier pas dans l'exploration et la revalorisation la plus large possible» de ce patrimoine populaire si riche. Les comédiens présents ont, de leur côté, estimé que l'initiative est «enrichissante pour le théâtre algérien qui a fait ses preuves à l'échelle des régions maghrébine et arabe». Ils ont également souligné que l'expérience de production de pièces d'expression amazighe constitue «une sorte d'introspection» car «les racines amazighes s'enfoncent au plus profond de nous-mêmes».