Chakib Khelil a affirmé, ce mercredi matin, que si l'Algérie n'a pas encore signé l'accord énergétique stratégique avec l'Union européenne c'est parce qu'elle ne voit ce qu'elle va y gagner. La contrepartie attendue d'un tel accord ne consiste pas seulement dans la valeur du gaz, mais dans un acquis bien plus important tel que la libre circulation des personnes par exemple. Interrogé ce matin sur les ondes de la chaîne III sur la conclusion d'un accord stratégique entre l'Algérie et l'Europe en matière d'énergie, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Kheli a indiqué que notre pays n'y a pas encore adhéré. «Cet accord a été discuté, mais la question qui se pose est la suivante : ‘'est-ce qu'une fois signé par les deux parties, cet accord sera appliqué sur chacun des Etats membres de l'union européenne ?'' Nous avons posé cette question, et la réponse était Non. Par conséquent, pourquoi signerons-nous un accord avec l'Union européenne s'il n'est pas appliqué à chacun des pays membres ?», s'est interrogé M. Khelil. La question, selon lui, dépend de ce qu'obtiendrait notre pays en retour d'un accord stratégique de ce genre où l'Algérie s'engagerait à assurer l'approvisionnement des besoins européens. «Notre pays devrait obtenir quelque chose qui lui soit très important : la libre circulation des personnes par exemple», a déclaré M. Khelil. Les pays producteurs de pétrole et de gaz redoutent et rejettent une éventuelle imposition d'une taxe carbone qui aurait des retombées négatives sur le prix de ces produits et qui réduirait la demande. Interrogé sur les enjeux et les risques d'une éventuelle taxe carbone sur notre économie d'autant plus que notre pays est dépendant des hydrocarbures, M. Khelil a indiqué que les pays développés nous posent déjà des taxes très importantes sur les produits pétroliers de l'ordre de 80% par exemple pour le Royaume-Uni et 60% pour la France. Pis encore la taxe – qui s'applique sur le gaz et le pétrole mais qui ne s'applique pas au charbon qui est beaucoup plus polluant – est discriminatoire. Ces taxes vont à l'encontre des intérêts des pays producteurs et bénéficient aux pays développés puisqu'ils sont la source de production de charbon, notamment en Europe. «Cette taxe carbone aura des implications à long terme sur les revenus des pays producteurs, puisqu'elle provoque la diminution de la demande pour ces produits (gaz et pétrole) parce qu'ils vont coûter plus cher, avec en conséquence des revenus plus faibles pour les pays producteurs de gaz et de pétrole», a souligné M. Khelil. Certains experts estiment que cette taxe pourrait arriver à 3 000 milliards de dollars sur la période allant jusqu'à 2050 comme diminution de revenu des pays producteurs de pétrole. A une question sur les conséquences de cette taxe sur le prix des hydrocarbures, le ministre de l'Energie et des Mines estime que si les pays développés imposent une taxe carbone sur le gaz et le pétrole, cela veut dire que ces produits-là seront beaucoup plus chers, et si ces produits sont plus chers, les consommateurs s'orienteront vers d'autres sources d'énergie comme le nucléaire, le solaire et même le charbon. Par conséquent il y aura un impact sur la demande. n Interrogé sur la position des pays producteurs des hydrocarbures si la taxe carbone venait à être imposée, M. Khelil a souligné que ces pays ont déjà rejeté cette taxe. «Mais si elle venait à être imposée, elle ne pourrait l'être que dans les pays développés eux-mêmes. Ils ne peuvent pas imposer une taxe à un pays souverain, sauf, bien sûr, si ce pays adhère à l'imposition de cette taxe», a-t-il estimé. «Nous sommes un pays souverain qui peut rejeter toute taxe qu'on risque de lui imposer, parce que ce n'est pas dans l'intérêt de notre pays d'avoir une taxe sur un produit qui génère 98% de ses devises.»