Tension Des scellés ont été posés sur les portes des quotidiens et ordre a été donné d?en fermer plusieurs autres. La justice iranienne a ordonné, hier soir, la fermeture provisoire des deux principaux quotidiens réformateurs, Shargh et Yas-e No, qui ont publié une lettre de députés protestataires au guide suprême, critiquant le rejet des candidatures aux législatives en Iran, selon ces journaux. Les services du procureur de Téhéran reprochent aux deux journaux d'avoir publié cette lettre malgré les directives du Conseil suprême de la sécurité nationale qui avait ordonné à la presse de l?ignorer et de ne pas prendre en considération son contenu. «Je condamne cette décision. C'est une façon de limiter la liberté de la presse», a déclaré Issa Saharkhiz, un responsable de l'Association pour la liberté de la presse. Quelques heures avant la fin de la campagne des législatives qui s'achevait jeudi matin, des agents se sont rendus en soirée dans les bureaux des deux quotidiens à Téhéran pour leur signifier l'interdiction de parution provisoire et ont interrogé des journalistes du Shargh qui se trouvaient dans les locaux, selon lui. Un des employés de Yas-e No, cité par l'agence officielle Irna, a rapporté que les agents du parquet ont posé des scellés sur les portes du journal et ont descendu les enseignes. «Vous serez fixés sur votre sort d'ici à samedi», a dit cet employé sous le couvert de l'anonymat en ajoutant qu'aucune explication n'avait été fournie au personnel du journal. Il est à noter que le parquet de Téhéran est dirigé par Saâd Mortazavi qui a ordonné la fermeture de dizaines de journaux en tant que juge du tribunal de la presse depuis 2000. Il est devenu procureur de Téhéran en 2003 et a aussitôt prévenu les journalistes qu'ils ne devaient pas s'attendre à plus de mansuétude de sa part. Shargh et Yas-e No sont les seuls quotidiens à avoir publié mercredi la lettre des députés qui ont démissionné pour protester contre la tournure prise par les législatives prévues vendredi. Dans cette lettre sans précédent adressée à l'ayatollah Ali Khamenei et lue la veille au Parlement, ils ont ouvertement demandé si le guide suprême n'avait pas permis, d'une manière ou d'une autre, l'élimination des candidats réformateurs. «La question consiste à savoir comment les membres du Conseil des gardiens», l'organe conservateur qui a disqualifié 2 300 candidats, dont la plupart des personnalités réformatrices, «ont eu l'aplomb de résister à vos ordres ou si, comme en circule la rumeur, malgré certaines déclarations publics, ils ont obtenu d'une autre manière de votre part la permission qu'ils pouvaient persister dans les rejets illégaux et massifs de candidatures», ont-ils écrit.