Résumé de la 10e partie n Il a fallu tout un stratagème au colonel de La Morlière pour arrêter Mandrin et son second… L'arrivée de Mandrin suscite une véritable curiosité. Les gens arrivent de toutes les villes voisines pour le voir. Et le plus extraordinaire, c'est qu'ils obtiennent satisfaction. Après avoir fait la queue pendant des heures, ils sont introduits dans sa cellule, par groupes de cinq. Le chef contrebandier leur fait bon accueil. Il répond avec entrain à toutes les questions. Quand il se dit fatigué, les visites sont suspendues et elles reprennent une fois qu'il s'est reposé. Il reçoit aussi des victuailles et des vins vieux auxquels il fait honneur, ainsi qu'un volumineux courrier. Les interrogatoires avec le juge Levet de Malaval se passent dans la plus grande courtoisie. Le magistrat le traite avec égards et le prie de s'asseoir avant de s'adresser à lui... Quand il lui demande qui sont les fauteurs de ses crimes, Mandrin lui répond : — Ce sont les receveurs et les employés de la Ferme ! A la question de savoir s'il a reçu une aide ou de l'argent d'une puissance étrangère, le prisonnier riposte : — J'avais assez de ressources en moi-même. Levet de Malaval insiste pour connaître le nom de ses principaux complices. Il s'entend répliquer : — Je n'en ai pas meublé ma mémoire pour les livrer aux tribunaux. Mandrin insiste au contraire pour qu'on libère un garçon perruquier qui vient d'être arrêté. — Je l'ai forcé à entrer dans ma bande en le menaçant de mort parce que j'avais besoin d'un barbier. Il n'a rien fait d'autre que de me raser. Et il obtient satisfaction... Parfois, les deux hommes en viennent à plaisanter. A la suite d'une journée particulièrement chargée en visites, Louis Mandrin questionne : — Toutes les personnes que j'ai eu le plaisir de recevoir ne serait-il pas bienséant que j'allasse les voir pour leur porter mes respectueux remerciements ? Ce à quoi Malaval répond avec un sourire, faisant allusion au prochain supplice sur la grand-place de la ville : — En ce moment vous êtes trop fatigué. Mais dans quelques jours, vous pourrez leur donner à tous cette marque de reconnaissance. En parlant de «quelques jours», le magistrat ne se trompait pas... Apprenant l'intrusion illégale du commando sur son territoire, le roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne a immédiatement exigé auprès de Louis XV la restitution du prisonnier. Or, cette démarche a l'effet inverse de celui escompté. La justice reçoit l'ordre d'agir rapidement pour qu'un retour en arrière ne soit plus possible. Louis Mandrin est jugé en une journée seulement. Sa condamnation à la roue par contumace est confirmée et son exécution fixée au 26 mai. Ce jour-là, une foule immense a envahi Valence, dix mille personnes peut-être, mais elle aurait été certainement plus importante si tout ne s'était pas fait avec une telle précipitation. Louis Mandrin est conduit jusqu'à la place des Clercs. Il marche la corde au cou, en chemise, pieds nus, tenant un cierge allumé dans ses mains liées. (à suivre...)