Instabilité n Les violences meurtrières entre chrétiens et musulmans -qui ont fait près de 300 tués depuis trois jours- se sont poursuivies ce mercredi matin. Les combats ont éclaté en raison de la construction d'une mosquée dans Nassarawa Gwon, un quartier chrétien de Jos, ville située entre le Nord musulman et le Sud chrétien et animiste, et fort d'un demi-million d'habitants. Les autorités du Nigeria se sont déclarées déterminées à en finir avec les nouvelles violences inter-communautaires «inacceptables» lesquelles, selon un dernier bilan, mardi soir, ont fait 288 morts à Jos, malgré les renforts militaires et un couvre-feu total a été imposé dans cette ville après un week-end d'affrontements meurtriers. Chef-lieu de l'Etat du Plateau (au sud-est de la capitale fédérale Abuja), Jos est une ville d'environ 500 000 habitants, située sur la ligne séparant le sud du Nigeria, à majorité chrétienne et animiste, et le nord dominé par l'islam. Quelque 3 000 habitants ont été déplacés en raison des violences durant lesquelles des maisons ont été brûlées. Davantage de soldats ont été dépêchés à Jos, «en concertation avec la police» et les chefs de la sécurité ont reçu l'ordre du vice-président au cours d'une réunion, hier, d'aller «immédiatement à Jos évaluer la situation», a affirmé, ce matin, le secrétaire national à la sécurité, Sarki Mukthar. L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), a demandé, ce matin, aux forces nigérianes de faire preuve de modération. «Le Nigeria doit s'assurer que les forces assurant la sécurité usent de modération et observent les règles internationales en matière d'usage de la force en réponse à l'irruption de violences meurtrières entre communautés», a déclaré HRW dans un communiqué. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 150 millions d'habitants, connaît de fréquentes violences entre musulmans et chrétiens, notamment dans les Etats du Centre et du Nord où les communautés religieuses ont du mal à cohabiter. En novembre 2008, des centaines de personnes avaient été tuées en deux jours à Jos au cours d'affrontements religieux. Le mois dernier, au moins 70 personnes ont trouvé la mort dans l'Etat septentrional de Bauchi, lors de violences impliquant forces de sécurité et membres d'une secte islamiste radicale, Kala-Kato, connue aussi sous le nom de Maitatsine. Présente dans plusieurs Etats à dominante musulmane du Nord depuis des décennies, cette secte est à l'origine des soulèvements religieux de 1980 et 1992 qui ont fait plusieurs centaines de tués dans les villes de Kano et Yola (Nord). Une secte similaire, connue sous le nom de Boko Haram (et surnommée «talibans»), a conduit, en juillet dernier, un soulèvement dans l'Etat de Borno. Des combats lors de l'intervention des forces de sécurité avaient fait au moins 800 tués.