Etat des lieux n A Benguela, cette paisible province du sud de l'Angola, le quotidien n'est plus le même depuis quelques jours. Pourquoi ? Pour la simple raison que cette ville abrite le match le plus médiatisé au monde depuis quelque temps. Que ce soit à Alger, au Caire, à Khartoum ou encore à Benguela, le choc Egypte-Algérie ne laisse personne indifférent. Si l'axe Alger - Le Caire est le plus concerné par cet événement, de loin le plus fréquenté depuis maintenant plus de quarante-huit heures par les habituels commentaires, appréhensions, tentatives d'apaisement ou encore pics de chauvinisme, en Angola on nourrit presque les mêmes inquiétudes avant le choc entre les sélections algérienne et égyptienne. On ressent parfaitement cela à chaque fois qu'on croise une personne qui reconnaît que nous sommes Algériens. La première question posée est : «Combien de supporters algériens vont effectuer le déplacement ?» En prévision donc de ce classique du football nord-africain, rien n'indique un Oum Dourman-bis. Les autorités angolaises sont sur le qui-vive, tentant de mettre le plus efficace dispositif de sécurité afin que cette seconde demi-finale se déroule dans les meilleures conditions possibles. D'habitude, 1 000 policiers étaient dépêchés pour assurer la sécurité lors des précédentes rencontres de la Coupe d'Afrique des nations qui se sont déroulées au stade national de Ombaka. Or, pour le match d'aujourd'hui on affirme que ce chiffre sera sensiblement revu à la hausse et l'on parle même du triple. C'est que, gardant toujours en mémoire les effets médiatiques qui ont suivi les célèbres confrontations entre Algériens et Egyptiens des 14 et 18 novembre dernier, les organisateurs angolais ne veulent aucunement que leur Coupe d'Afrique des nations subisse, elle aussi, les méfaits d'une telle rivalité historique, surtout que cette CAN traîne, bien avant son coup d'envoi, le lourd boulet que représente cette fusillade mortelle à Cabinda et le retrait de la sélection togolaise et ce qui s'en est suivi comme critiques acerbes, mais raisonnablement justifiées par l'opinion sportive internationale. Pour parer donc à toute éventualité, le COCAN, en étroite collaboration avec l'Etat angolais, a ainsi décidé, comme première mesure, de doubler le nombre d'agents de l'ordre pour mettre en place un système de sécurité draconien et aussi dissuasif qu'impressionnant. Aussi, a-t-on décidé de séparer, dès leur arrivée à l'aéroport et ce, jusqu'à leur retour au pays, les galeries des deux camps. Arrivée au stade, chaque partie prendra place dans l'endroit qui lui est réservée à un horaire qui leur sera précisé. Des informations concordantes à ce sujet laissent, d'ailleurs, croire que les Egyptiens rallieront la partie des tribunes qui leur est allouée presque une heure avant les supporters algériens. C'est dire que rien n'a été laissé au hasard pour qu'aucun supporter algérien ne rencontre un rival égyptien et éviter ainsi de possibles confrontations ou affrontements. Des mesures qui viennent, en somme, traduire concrètement une crainte évidente des autorités angolaises et de tous les médias étrangers présents de voir cette demi-finale entre l'Algérie et l'Egypte virer dans l'extra-sportif et altérer dangereusement une compétition qui s'est, jusqu'alors déroulée sans incident majeur sur le terrain. Déjà que son sens de l'organisation, avec tous les couacs et les imperfections soulevés, suscite plus de critiques que de louanges, l'Angola se passerait donc volontiers d'un autre problème sportivo-diplomatique.