Riposte Les éditeurs de cinq journaux se sont réunis et ont décidé de la démarche à suivre. Ces journaux ont décidé de porter plainte contre la partie responsable du prêche diffusé vendredi dernier par la télévision d?Etat et prononcé dans plusieurs mosquées du pays incitant les fidèles à considérer comme illicite (kofr) l?achat du journal Liberté en particulier, et de la presse indépendante en général. Parallèlement, une campagne de «sensibilisation lourde» en direction de l?opinion nationale et internationale sera incessamment lancée. C?est ce qui ressort de la conférence de presse animée, hier, à Alger au niveau du siège du quotidien Liberté par un groupe d?éditeurs dont Ali Ouafek, directeur du même titre, Omar Belhouchet, directeur d?El Watan et les représentants des quotidiens Le Matin et El Khabar qui remplacent respectivement Mohamed Benchicou en tournée pour dédicacer son livre Bouteflika, une imposture algérienne, et Ali Djerri en déplacement à l?étranger. Me Khaled Bourayou, chargé de ficeler le dossier de la partie plaignante, a invité «les journaux qui veulent se constituer partie civile à se faire connaître pour que je puisse les mettre sur la liste, car il y va de leurs intérêts, il s?agit d?un appel au meurtre contre la corporation». Le directeur de Liberté, Ali Ouafek, a d?emblée dénoncé «l?intervention dans la mosquée» et a qualifié cet événement de «précédent grave». «Liberté, assène-t-il, n?a jamais mené bataille contre l?Islam qui est notre religion. De tout temps, nous avons milité pour la non-utilisation de celle-ci à des fins politiques.» Pour Ali Ouafek, «le sermon de vendredi est un signal qui nous replonge dans les années du terrorisme dominées par la haine». «La situation est extrêmement grave et préoccupante», enchaîne Omar Belhouchet, «elle nous rappelle cette époque où la liste des journalistes à abattre était affichée dans les mosquées.» Ce dernier dénonce «l?introduction par les principaux responsables algériens des luttes partisanes dans l?espace religieux». «Après l?instrumentalisation de la justice, ajoute-t-il, on passe à l?instrumentalisation des lieux de culte, on utilise la foi et les croyances des gens dans des buts politiques, c?est scandaleux ! C?est une démarche suicidaire, l?espace religieux est un espace privé.» Contre qui sera déposée la plainte ? Belhouchet affirme que la question n?est pas encore tranchée : «Nous savons que ce sont les directeurs des administrations au niveau du ministère des Affaires religieuses qui ont instruit les imams. Pour des considérations d?efficacité, nous aurons à choisir entre le dépôt d?une plainte contre X, le ministère des Affaires religieuses ou l?Entv et l?Enrs.» Les autorités vont-elles actionner la justice pour faire triompher le droit sachant qu?en 2001, le Parlement avait amendé le Code pénal en ajoutant des dispositions ?ironie du sort ? restreignant la liberté de la presse et réglementant l?activité des imams dans les mosquées ? Pour rappel, le Code pénal modifié vise, entre autres, à interdire toute «activité contraire à la noble mission de la mosquée ou de nature à attenter à la cohésion de la société ou à faire l?apologie et de la propagande».