Révolte n Pas moins de 5 000 travailleurs ont paralysé, au début du mois de janvier et durant une dizaine de jours, le complexe de la société nationale des véhicules industriels (Snvi) à Rouiba. Les travailleurs ont exprimé leur colère quant aux décisions de la dernière tripartite qui, selon eux, ne répondaient pas à leurs attentes socioprofessionnelles. Les accords négociés entre l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) et le gouvernement ont été rejetés, notamment concernant les salaires et les départs à la retraite. «Nous voulons une augmentation conséquente de nos salaires et le maintien de l'actuel système de départ à la retraite», scandaient les contestataires. Augmenter le salaire national minimum garanti (Snmg) à seulement 15 000 DA n'a, en effet, profité qu'à une partie infime des employés de la Snvi, une société qui, pourtant, commence à relever la tête grâce aux aides financières de l'Etat et les marchés conclus avec les ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et celui de la Défense nationale. Le deuxième point chaud est celui des départs à la retraite proportionnelle ou après 32 ans de service. Les travailleurs, qui ont mis l'entreprise à l'arrêt pendant plus d'une semaine, ont estimé que la situation était intenable et que la grève constituait leur dernier recours après l'échec de toutes leurs tentatives de convaincre les pouvoirs publics d'améliorer leurs conditions socioprofessionnelles. Ils ont crié leur ras-le-bol, à cause de la dégradation continuelle de leur pouvoir d'achat, face à la cherté de la vie. Comme la majeure partie des fonctionnaires, les travailleurs de la Snvi ont protesté contre des salaires indécents et des conditions de travail difficiles. Ils ont dénoncé l'écart sans cesse grandissant entre certains responsables qui voient leurs salaires monter en flèche et les autres employés «sans grade» subir une politique salariale des plus rudes. Même la hausse insignifiante du Snmg décidée par la tripartite a été vite engloutie par une augmentation des prix des produits de première nécessité. Les manifestants ont tiré à boulets rouges sur la centrale syndicale qui, selon leurs propos, «a trahi les travailleurs et les a laissés victimes de l'exploitation en cédant leurs droits et ne se contentant que du peu que le gouvernement lui offre !» Après une réunion ayant regroupé le syndicat des travailleurs grévistes et des membres du secrétariat général de la centrale syndicale, les travailleurs ont finalement décidé de reprendre le service, après avoir «arraché des promesses». Toutefois, ils ont maintenu la menace de reprendre la protesta si ces engagements ne sont pas tenus. Le ministre du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, Tayeb Louh, a, pour sa part, réaffirmé le soutien de l'Etat à la Snvi, promettant de prendre en considération les revendications de ses employés. Encore une fois, une grève est suivie de promesses, nos responsables ayant pris l'habitude de n'intervenir qu'après le pourrissement de la situation et encore avec des engagements rarement tenus. La Snvi continue de vivre sous la menace d'une autre paralysie de ses activités…