Choc n L'annonce du cancer du sein constitue toujours un traumatisme psychique dont l'expression est très variable, selon le Dr Chakali, chef de service de psychiatrie au niveau de l'hôpital Frantz-Fanon. Dans une intervention intitulée : «soutien psychologique et cancer du sein», le Dr Chakali a rappelé que «la maladie va imposer un nouveau rythme de vie et revoir les priorités ; peurs, voire effroi, vont envahir la personne avec principalement l'idée de la mort qui devient omniprésente en occupant le champ de la conscience. Il représente une atteinte directe à la féminité même si 70% des femmes vont garder leur sein», en exposant les questions que se posent ces malades : «vais-je continuer à vivre comme avant ?», «est-ce que je pourrai avoir des enfants ?»… «Pourtant, près du tiers des femmes, bien soignées, guérissent alors que 30% seulement ont besoin d'une mastectomie, mais l'annonce engendre toujours la peur de la mort et de la mutilation», ajoute le psychiatre. Il précise que le cancer du sein se traduit souvent par une altération certaine de l'image de soi. «la féminité est remise en cause. L'aspect physique est fragilisé (perte des cheveux, mauvaise mine, fatigue, dépression, etc.) dus aux effets secondaires du traitement. Le traumatisme est encore beaucoup plus violent chez les femmes jeunes mais, même pour les femmes plus âgées, une mastectomie est toujours très mal admise.» Pour faire face à cette situation, le psychiatre propose une écoute par l'équipe soignante (médecin, chirurgien, infirmières…). Il ne nie pas qu'«au début, c'est difficile car les patientes peuvent être tellement déstabilisées au point qu'elles sont incapables d'écouter les explications et les conseils». Mais il décrit l'importance en parallèle d'un groupe de parole en institution comme un moyen de soutien, de formation et d'échange. Ce groupe de parole sert aussi pour les soignants. «il y a un lien entre la souffrance des soignants (en rapport avec des facteurs qui ne sont pas qu'individuels et psychologiques, mais aussi institutionnels, culturels, organisationnels), d'une part, et la relation avec les malades gravement atteints, d'autre part.» L'intervenant se félicite à ce propos du soutien psychologique du mouvement associatif qui, à l'origine des différentes actions d'aide, à l'image des associations El-Badr, Nassima, El-amal, Ennour de Sétif, Chouaâ El-Amel et d'autres associations qui offrent, selon lui, chacune selon ses capacités, l'hébergement, le transport, la prise de RDV, l'aide matérielle. «El-Badr par exemple effectue des visites hebdomadaires, voire quotidiennes, aux malades du CAC pour l'orientation, l'aide ou tout simplement pour remettre aux malades une rose», a-t-il dit sous la casquette du membre fondateur de cette association.