Le 28 juillet 1979, la police d'Atlanta se rend dans le bois du lac Niskey, proche de la grande ville des Etats-Unis, à la suite d'une plainte pour odeur nauséabonde. Et il y avait de quoi ! Les policiers découvrent le corps d'un garçon noir de treize ans, Alfred Evans, qui avait disparu trois jours auparavant. Ce n'est pas tout : à quelques mètres de là gît celui, décomposé, d'un autre enfant noir, Edward Smith, quatorze ans, disparu quatre jours avant Alfred. Alfred a été étranglé, Edward tué d'une balle de 22 long rifle. Les deux familles enterrent leurs enfants dans la douleur. Une enquête est ouverte... mais elle piétine. D'ailleurs, elle n'avait toujours pas abouti lorsque, le 8 novembre, Yusuf Bell, neuf ans, porté disparu fin octobre, est retrouvé étranglé dans une école abandonnée d'un quartier pauvre d'Atlanta. Huit jours plus tard, le corps de Milton Harvey, quatorze ans, est découvert près de la route de Redwine, dans une lointaine banlieue de la ville. Il a été tué d'une balle de 22. Tous deux sont noirs, mais on ne fait pas encore le rapprochement. Dans une agglomération de la taille d'Atlanta, qui dépasse trois millions d'habitants, les meurtres sont nombreux et la plupart des victimes sont noires. Il y a donc trois enquêtes qui suivent leur cours, la première pour les deux petites victimes du lac Niskey, qui dure depuis l'été, et les deux autres qui ont commencé en octobre. Pourtant, elles sont aussi infructueuses les unes que les autres et l'année 1980 arrive sans qu'elles aient connu le moindre résultat. Il se produit une accalmie de six mois. Et le 5 mars 1980, une fillette noire de onze ans, Angela Lanier, disparaît sur le chemin de l'école. Elle est retrouvée cinq jours plus tard sur une route, bâillonnée et attachée avec un câble électrique. Elle n'a pas été déshabillée mais une culotte lui a été enfoncée dans la bouche. L'autopsie ne révèle pas de viol, tout comme pour les quatre victimes précédentes. Un autre Noir du même âge, Jeffrey Mathis, disparaît le 12 mars. Il est retrouvé le lendemain, le corps affreusement poignardé, mais il n'a pas été violé non plus. Pour l'heure la police ne fait pas le rapprochement. Elle s'y refuse au nom de la statistique. Six enfants noirs assassinés en un peu moins de huit mois dans l'agglomération, c'est beaucoup, mais c'est déjà arrivé, et ce n'est pas suffisant pour les imputer à la même personne. Les enquêtes sont menées séparément et sont toutes aussi inefficaces que par le passé. C'est Ruth Bell, la mère du petit Yusuf, le troisième sur la liste, qui acquiert la première la certitude qu'il s'agit d'un criminel en série. Elle se tient au courant de l'actualité en lisant les journaux locaux, les meurtres n'étant pour l'instant relatés que brièvement dans les faits divers. A chaque nouvelle victime, elle contacte les parents et prend la tête d'un «Comité pour arrêter le meurtrier d'enfants». Mais Ruth Bell est pauvre et manque de temps pour mener à bien son action : femme de ménage dans une grande entreprise, elle travaille la nuit et dort le jour. Les autres parents, tout aussi modestes, ne se font pas entendre et les horreurs continuent... Le 19 mai, Eric Middlebrook, treize ans, est assassiné à une centaine de mètres de chez lui, dans un quartier noir de la ville ; il a été tué par un coup violent à la tête. Le 9 juin, Christopher Richardson, douze ans, disparaît ; on ne le reverra jamais plus. Le 22 du même mois, une fillette de huit ans, Latonia Wilson, est enlevée de sa chambre ; elle non plus ne sera pas retrouvée. Deux jours plus tard, Aaron Winche, dix ans, est découvert sous un pont, étouffé et la nuque brisée. Le 6 juillet, Anthony Carter, neuf ans, est retrouvé lardé de coups de couteau, derrière un entrepôt, le visage enfoncé dans l'herbe. Etant donné l'absence de sang à proximité, il est évident qu'on a transporté son corps.(à suivre...)