Résumé de la 2e partie n C'est le quatorzième «petit nègre» du jeu de massacre d'Atlanta. C'est la panique au sein de la communauté noire. Le maire fait appel au FBI… Les deux hommes répondent avec prudence : — Il faut d'abord examiner les crimes un par un, pour voir ceux qui ont le même auteur et ceux qui peuvent avoir été commis par quelqu'un d'autre. — Parce que vous ne croyez pas à un criminel en série ? — Si, mais peut-être pas pour tous les meurtres... Effectivement, la police d'Atlanta n'avait pas entièrement tort : dans une agglomération de cette taille, les meurtres sont fréquents, y compris ceux d'enfants noirs. Il n'y a aucune raison que ces crimes isolés aient cessé parce qu'un tueur en série s'est manifesté. Il faut donc faire le tri et retenir uniquement ceux qui peuvent lui être imputés avec certitude. C'est indispensable pour cerner la personnalité du meurtrier. John Douglas et Roy Hazelwood étudient séparément chaque affaire, depuis les deux premières, près du lac Niskey. Ils examinent les photos des corps, ils explorent les lieux où on les a retrouvés, ils entendent les témoins, se renseignent auprès des familles sur la personnalité des petits disparus. Ensuite seulement, ils se retrouvent et se communiquent leurs conclusions. Elles concordent. Il ne s'agit pas du Ku Klux Klan ou d'une organisation raciste quelconque. Les crimes de haine s'accompagnent toujours d'une mise en scène spectaculaire. On aurait, par exemple, pendu les corps dans des endroits visibles et on aurait laissé des inscriptions injurieuses. De plus, le groupe en question se serait manifesté. Commettre des actes de ce genre sans les revendiquer ni se faire connaître d'une manière quelconque ne sert à rien. Et le meurtrier est certainement un Noir. John Douglas et Roy Hazelwood ont beaucoup réfléchi avant de parvenir à cette conclusion, car, jusqu'à présent, les tueurs en série étaient blancs. C'est la première fois, au cours d'une carrière déjà longue, qu'ils ont affaire à un homme de couleur. C'est la localisation des crimes qui impose cette déduction : ils ont tous été commis dans des quartiers exclusivement noirs. Or, un Blanc, surtout dans le climat de psychose collective environnant, se serait obligatoirement fait repérer... Le portrait psychologique du meurtrier semble assez étonnant. Le profil des crimes est sexuel, mais il n'y a pas eu viol. L'individu a une attirance morbide pour les jeunes enfants, mais il n'est pas passé à l'acte. Il y a en lui un mélange surprenant de violence et de retenue. Il est certainement perturbé, mais cela ne doit pas être apparent pour son entourage. Une fois éliminées les victimes qui ne rentraient pas dans le schéma général, comme Latonia Wilson, enlevée dans sa chambre, toutes les autres ont disparu sur le chemin de l'école. Si on peut comprendre que cela ait été possible pour les premiers crimes, Douglas et Hazelwood s'étonnent que des enfants aient pu suivre un inconnu dans un climat de peur généralisée et malgré les recommandations de leurs parents. Ils veulent en avoir le cœur net. Ils envoient des policiers noirs en civil aborder des enfants en leur proposant un billet de 5 dollars s'ils viennent les aider à un travail quelconque chez eux. Et cela marche pour presque tous, malgré l'appréhension qu'ils doivent ressentir, malgré leurs parents ! Les quartiers noirs d'Atlanta sont si pauvres que les enfants y sont prêts à risquer leur vie pour 5 dollars. (à suivre...)