Course Les candidats se bousculent sur la scène. Et c?est à qui parle le mieux, promet le plus. Plaire en politique incite ceux qui briguent des postes de commandes ? la magistrature suprême pour notre cas ? à se transformer en tribuns vers lesquels sont tendues des oreilles attentives, à trouver les mots justes, les mots mielleux qui vont droit au but, droit au c?ur, mais dont l?effet s?estompe curieusement quand l?enveloppe de la victoire est glissée dans l?urne. Les candidats à la présidentielle d?avril 2004 se bousculent sur la scène et inondent colonnes de journaux et images de télévision par des discours feutrés. «Paix», «prospérité», «démocratie», «emploi», des termes tellement galvaudés qu?on croirait un instant que ces candidats n?ont rien à offrir au peuple que des mots. Des mots vidés de leur sens, dans la plus pure tradition algérienne du marketing politique. En déclarant hier, lors de l?annonce de sa candidature, que «l?Algérie doit se remettre au travail», Abdelaziz Bouteflika nous a curieusement rappelé des propos presque similaires tenus cinq ans plus tôt. En 1999, l?actuel président de la République avait exhorté le peuple algérien «à retrousser les manches». Autrement dit, si Bouteflika réitère son appel c?est que son premier était quasiment improductif et il n?est donc pas tout à fait sûr que son appel d?hier sera entendu. Dans de telles circonstances, on serait retourné à la case départ. Plus impressionnant encore, des candidats, que tout divise, usent du même ton et du même vocabulaire pour charmer les électeurs. Du coup, le simple citoyen ne sait à quel candidat se vouer, quand il entendra des hommes reprendre en ch?ur des messages restés au stade subliminal et sans aucune fiabilité politique, tels que «oui pour la démocratie», «non à la marginalisation», «pour une Algérie meilleure» et autres kyrielles de maximes à l?algérienne? Si aujourd?hui, Benflis ne s?efforce pas à chercher une identité à sa conception de la «démocratie» par rapport à celle admise par Taleb Ibrahimi, si Sadi parle de la «modernité» avec les mêmes termes, à quelques nuances près, si Djaballah et si Moussa Touati, dernier arrivé sur la scène, décortiquent la situation socio-économique de la même manière que Louisa Hanoune dans ses pamphlets, c?est que le microcosme politique national manque visiblement d?imagination et que finalement l?avenir du pays est natté uniquement par la magie de mots brillamment choisis dans l?escarcelle de tout un chacun. Et c?est cela peut-être la ruse qu?ils aient jamais concoctée. Une fois l?échéance passée, l?électeur l?aura vérifié à ses dépens, ni emploi ni bien-être. que des mots jetés en l?air par des «Cicéron» qui reviennent par rotation tous les cinq ans.