Célébration n L'association culturelle les Amis de la Rampe Louni-Arezki a commémoré, hier, à la salle Ibn Zeydoun, le 55e anniversaire du décès de Hadj M'rizek, l'un des maîtres de la chanson chaâbie. Une communication dans laquelle les intervenants sont revenus sur la vie et le parcours musical de Hadj M'rizek, a marqué cette journée commémorative à laquelle se sont ajoutés la projection d'un documentaire racontant en images iconographiques (des photographies collectées par l'association auprès des proches du défunt), des témoignages décrivant l'homme et la personnalité de Hadj M'rizek. Placée sous le signe de «Hadj M'rizek, une légende et une œuvre ressuscitées, un legs et un repère pour la jeunesse», cette journée commémorative, la première depuis la disparition de l'artiste, a été aussi marquée par un récital de poèmes ainsi que par une interprétation des chants du répertoire de l'artiste par les lauréats du 1er Prix des festivals de la chanson chaâbie des éditions 2006 à 2009. Plus tard, dans la soirée, Abdelkader Chercham, l'une des figures emblématiques de la chanson chaâbie, a clôturé la journée commémorative, par un récital musical qu'il a, d'ailleurs, animé avec beaucoup d'authenticité. Cet élève de Hadj M'hamed El Anka a admirablement repris les titres le plus connus de Hadj M'rizek Cette initiative a pour but de «faire revivre la mémoire de Hadj M'rizek et aussi de faire sortir de l'oubli l'œuvre de cet enfant de la Casbah», dira Lounès Aït Aoudia, l'un des organisateurs de cette manifestation, et d'ajouter : «Cette commémoration s'inscrit dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.»Ainsi, s'exprimant sur l'artiste, Abdelkader Bendamèche, musicologue et commissaire du Festival de la chanson chaâbie, a fait savoir que «Hadj M'rizek a apporté du nouveau au genre hawzi dans l'interprétation, qui lui est propre, tout en lui gardant son authenticité», et d'ajouter : «Son œuvre a été relevée par deux qualités artistiques essentielles : il s'agit de la clarté de l'expression verbale ainsi que son sens inné du rythme.»Pour sa part, la fille de Hadj M'rizek, qui avait 5 ans lorsque son père disparaissait, a qualifié cette initiative, une première du genre après 55 ans, comme celle de la résurrection. Elle a fait savoir, en outre, qu'elle est en train d'entreprendre l'écriture d'un livre sur la vie et le parcours de son père, «un des rares auteurs compositeurs de son temps qui avait fait de la résistance à sa manière». l Né en 1912 à la Casbah, Hadj M'rizek – de son vrai nom Arezki Chaïeb – avait, dès son jeune âge, un penchant particulier pour la musique. Il s'y était intéressé en y mettant sa foi et sa sensibilité. Il avait appris à jouer de la percussion (tar et derbouka) et aussi à chanter : d'abord le chaâbi, ensuite le hawzi. Il animait des fêtes familiales de la Casbah. Hadj M'rizek n'allait pas tarder alors à former son propre orchestre. Plus tard, son interprétation unique et son talent exceptionnel lui ont valu l'enregistrement, dans les années 1930, de ses premiers disques – des 78 tours avec notamment les titres Naoui nchallah entoub, Ya Rabi Sahali mara, Ali R'ssol El Had et Qom Essaqi. Hadj M'rizek, dont le parcours était jalonné de récitals et d'enregistrements, mourut dans la nuit du 11 au 12 février 1955, à l'âge de 43 ans, et fut enterré au cimetière d'El-Kettar (Alger). Hadj M'rizek, et compte tenu de son parcours et en particulier de son œuvre, se présente comme une mémoire qu'il est indispensable d'entretenir et un patrimoine immatériel qu'il faut sauvegarder et transmettre aux jeunes et aux générations futures.