Adaptation n La coopérative El Kanki de Mostaganem présentera, mercredi, la générale de Koul wahed ou hakmou (? chacun son jugement), un texte écrit par Ould Abderrahman Kaki, et mis en scène par Djamel Bensabar. S'exprimant, lors d'un point de presse lundi au théâtre national, sur le choix de la pièce, Djamel Bensaber dira que cela relève d'une sensibilité personnelle. «Cette pièce me plaît, j'y ai joué, et c'est aussi une pièce qui a été plusieurs fois jouée à travers tout le pays, surtout dans le Sud.» Et d'ajouter : «Je suis un élève de Ould Abderrahman Kaki. J'ai suivi depuis 1959 son parcours jusqu'à son décès. J'ai fixé comme objectif de travailler tous les textes du dramaturge.»Le metteur en scène s'est attelé, tout au long de sa carrière, de revoir et de revisiter les pièces de Ould Abderrahman Kaki, et les adapter au contexte du moment. «Mon but est de faire connaître au public l'œuvre de Kaki.»Et de relever que Ould Abderrahmane Kaki a signé 12 remarquables œuvres. «Il s'est illustré dans deux registres, dont le premier (de 1962 et 1964) s'inscrit dans le théâtre politique auquel il a consacré trois œuvres de référence, à savoir 132 ans, Peuple de la nuit et Africa avant l'an un. Dans le deuxième registre, Kaki est revenu au patrimoine dans lequel il a puisé des œuvres inspirées des traditions, des légendes et histoires populaires. S'exprimant par ailleurs sur l'intérêt de ce travail, Djamel Bensabar dira qu'«en son temps, l'oralité était très importante ; le public écoutait, et il prenait énormément de plaisir à le faire.» Et de dire aussi : «Kaki construisait son œuvre autour de l'oralité, à savoir les légendes ancestrales et les traditions populaires.»Pour ce faire, Kaki, selon l'orateur, fréquentait les places publiques, notamment la place Tijdite à Mostaganem où toutes les confréries de la région se rencontraient. Il assistait à leur réunion, voire à leur halqa et écoutait leurs chants, leur poésie et leurs fables. L'orateur a également dit que Kaki était influencé par les contes que sa grand-mère lui racontait. Tout cela a fortement et profondément influencé sur son écriture et son inspiration théâtrale. Et dans cette pièce, le public redécouvrira et réapprendra les traditions et les croyances séculaires. «Il redécouvrira le patrimoine populaire», a déclaré Djamel Bensabar. En effet, le public se réappropriera les repères esthétiques, culturels et même historiques de son identité. Puisant ainsi à la fois dans le patrimoine et la vie culturelle et artistique de Mostaganem, Kaki a offert au théâtre des oeuvres majeures à l'instar de Diwan el Garagouz et Koul wahed ou hakmou. l Le metteur en scène s'emploie à aller sur les traces de son «maître». «Kaki me disait d'aller vers un théâtre total, un théâtre qui va englober tous les arts, à savoir musique, chant, danse… J'essaie donc de réaliser son vœu.» Autrement dit, il cherche à se situer à la frontière de la comédie musicale. «La comédie musicale n'est pas unique, elle est variée. Donc, j'essaie là de proposer un spectacle, en se permettant quelques touches personnelles.» Ainsi, le metteur en scène s'est permis une adaptation. «J'ai introduit les chants qui sont accompagnés par le chœur, j'ai rajouté la danse, j'ai fait une recherche sur le décor…» En fait, en reprenant la pièce, Djamel Bensabar s'est permis une démarche artistique, a entrepris une réflexion théâtrale. «Je n'ai pas changé le texte, j'ai enlevé les redits. Mais j'essaie une expérience», a-t-il dit. Koul wahed ou hakmou est le drame de Djouher, une jeune fille de 14 ans qui s'éprend de Saâdi, son voisin, mais la volonté paternelle la vouera a être la quatrième épouse du vieux et riche hadj Djabour. Ne supportant pas l'idée d'un tel sacrifice elle préférera se jeter, le jour de son mariage, en mer au lieu dit El Guelta ou il est de tradition que les jeunes mariées se baignent le jour de leurs noces.