Jesse James naît le 14 septembre 1847, à Kerney, près de Kansas City, dans un beau ranch qu'il partage avec ses frères et sœurs, sa mère et son second mari, Ruben Samuel, un médecin qui jouit d'une excellente réputation dans la région. Son enfance se passe sans événement notable jusqu'à ses quatorze ans, l'année où éclate la guerre de Sécession. Jesse est un bagarreur de tempérament, rempli d'enthousiasme pour la cause du Sud et désespéré que son âge l'empêche de participer à la grande aventure. C'est plein d'envie qu'il voit son frère aîné Frank partir pour le front dans son superbe uniforme. Lui, il doit attendre et se morfondre. A seize ans, il essaie de s'enrôler, mais l'armée sudiste le refuse à cause de son âge. Il existe pourtant des bandes de volontaires agissant comme francs-tireurs en marge des troupes régulières. Il tente sa chance auprès de celle de William Quantrill où a fini par arriver son frère Frank, mais là aussi il est jugé trop jeune. Heureusement, une seconde bande l'accepte, celle de William Anderson, dit «Bloody Bill», dont la réputation de sauvagerie dépasse celle de toutes les autres. Pendant les deux ans que dure encore la guerre, Jesse James affirme avoir tué huit nordistes au corps à corps. Ce qui est certain c'est que malgré son jeune âge il devient rapidement un excellent combattant. Il a fière allure avec son mètre quatre-vingts, ses cheveux très bruns et ses yeux bleus. C'est un cavalier émérite et un tireur d'élite, non seulement par sa précision mais aussi par son incroyable rapidité de feu... Les sudistes capitulent à Appomattox, le 9 avril 1865. Pour Jesse James comme pour tous ceux de son camp c'est le moment du choix. Les nordistes offrent une amnistie générale, y compris pour les guérilleros. En plus, les Etats de l'Ouest nouvellement créés ont de gros besoins de main-d'œuvre; il est facile de refaire sa vie là-bas, avec peut-être la fortune au bout du voyage. Jesse se laisse tenter. Il a dix-huit ans et même s'il aime se battre il n'y a pas que cela qui l'intéresse dans la vie. Il est plein d'énergie et il a envie de l'employer à autre chose qu'à tuer et risquer sa peau. Il part s'installer en Californie où l'on dit qu'il fait beau toute l'année. Il va devenir cultivateur ou éleveur, fonder un foyer, avoir des enfants... Fin avril 1865, il chevauche vers Lexington, un point de reddition fixé par les nordistes, en compagnie de quelques camarades qui ont fait le même choix que lui. Selon les instructions, il a noué un foulard blanc à un bâton. Son groupe croise alors un détachement de cavaliers du Nord. Il agite son drapeau improvisé mais les autres ne le voient pas ou font semblant de ne pas le voir et ouvrent le feu. Plusieurs de ses compagnons sont tués. Lui-même est grièvement blessé et son cheval est abattu. Il parvient à se traîner dans un petit bois et à se mettre à l'abri pour riposter. Il tue un cavalier adverse et en blesse un autre. Les nordistes préfèrent s'en aller. Il s'évanouit, perdant son sang en abondance, et serait certainement mort si un fermier ne l'avait recueilli et reconduit chez lui. Sa blessure est grave, il est touché au poumon et une pneumonie se déclare. Mais son beau-père Ruben Samuel parvient à l'arracher à la mort... Une autre personne joue un rôle décisif durant ces moments cruciaux : sa cousine Zéralda, qui ne quitte pas son chevet. Ils jouaient ensemble quand ils étaient enfants et ils découvrent maintenant qu'ils sont autre chose que des camarades de jeu. Dès qu'il en eût la force, il lui fait part de ses sentiments. La réponse de la jeune fille est immédiate : — Moi aussi, je t'aime, Jesse ! — Voudrais-tu m'épouser ? — Je n'aurai pas d'autre mari que toi. Nous nous marierons dès que tu seras rétabli. (à suivre...)