Particularité n Situé dans la commune d'Iflissen (daïra de Tigzirt), Iknache est l'un des 22 villages de la wilaya de Tizi Ouzou, menacés par un glissement de terrain. Trois zones de glissement sont observables au niveau du hameau – environ 500 habitants – où nous nous sommes rendus, et la première chose que nous avons constatée c'est le dénuement remarquable du village. Une route bitumée et quelques habitations modestes et souvent inachevées. A Iknache, les habitants semblent vivre en sursis. Personne ne peut engager de dépenses pour la construction d'une belle maison, voire d'une petite villa comme c'est le cas partout ailleurs dans les villages de la Kabylie, car le glissement qui menace, bloque toute initiative dans ce sens. La première zone de glissement est située à l'entrée du village légèrement éloignée des maisons, la seconde s'est confondue avec un talweg qui ne cesse de gagner en largeur engloutissant d'année en année plusieurs mètres de sol. Le troisième et dangereux glissement se trouve au cœur du village. Pour s'y rendre, il faut descendre plusieurs dizaines de mètres en contrebas de la route qui dessert le village. Nous remarquons un réseau d'évacuation des eaux pluviales réalisé depuis plus d'une année, selon les habitants, et qui a affreusement besoin d'un entretien pour enlever toutes les pierres, branches et autres déchets qui s'accumulent dans le canal. Nous continuons à descendre pour enfin déboucher sur un spectacle ahurissant : Un énorme trou qui donne l'impression d'avoir été creusé par plusieurs engins. Le sol semble s'engouffrer dans les profondeurs de la terre. Au loin, la mer scintille sous le soleil qui réchauffe doucement le paysage. «C'est là ou je suis né», nous lance un membre du comité de village d'Iknache en pointant du doigt la zone de glissement ! Comment ça ? Il nous explique que l'ancien village d'Iknache était construit sur la zone de glissement. En effet, quelques rares vestiges y sont encore apparents. Avec le mouvement du sol, les habitants ont commencé peu à peu à s'éloigner de la zone de danger. D'abord, ce sont les familles qui habitaient près du glissement qui sont remontées en haut du village puis toutes les autres car le mouvement s'accélère d'une manière incroyable notamment depuis ces 15 dernières années. «Si vous revenez dans un mois, vous allez remarquer par vous-mêmes l'accélération du mouvement», nous dit notre accompagnateur. Les habitants ont décidé de construire très loin en amont de la zone de glissement. Ce dernier qui continue à avancer, faute de mesures pour stopper le phénomène, menace aujourd'hui l'actuel Iknache. Les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. Plusieurs démarches ont été entreprises auprès des autorités compétentes, mais sans résultats. «On nous a parlé d'une étude qui est en cours de réalisation et qui est à sa première phase. Nous avons vu plusieurs spécialistes venir dans notre village et les seuls travaux qui ont été réalisés sont un mur de soutènement pour protéger la route qui dessert le village et un réseau d'évacuation des eaux pluviales.» n Les eaux pluviales, comme il a été démontré à Aïn El-Hammam, accélèrent le mouvement du sol. Aussi, parmi les travaux urgents engagés sur la demande du bureau d'études chargé de l'étude des glissements de terrains de Aïn El-Hammam et de Tigzirt figure le drainage du maximum à défaut de la totalité des eaux pluviales afin de les empêcher de s'infiltrer dans le sol. Au site de glissement du village Iknache, une mare d'eau se forme chaque hiver au creux du «ravin».