Il a été constaté que la terre savonneuse varie par endroit, allant de 11 jusqu'à 50 mètres. La totalité de la terre souffrant de glissement est estimée à 150 ha. Parmi les maux dont souffre Tigzirt, on note le glissement de terrain qui menace cette ville en plusieurs endroits différents. Le plus grave est sans doute celui qui touche la partie est de la ville. Le problème a été sans cesse posé aux autorités locales et de wilaya. Depuis plus d'une année, l'impatience des riverains a été calmée par l'espoir suspendu à l'étude du sol confiée par les pouvoirs publics à un bureau d'études français. Depuis quelques semaines, ce bureau français a livré les premiers résultats de son analyse. Il a été constaté que la terre savonneuse varie par endroit, allant de 11 jusqu'à 50 mètres. La totalité de la terre souffrant de glissement est estimée à 150 ha. D'autres résultats d'analyse seront rendus publics dans quelques semaines, nous a-t-on appris. Il pourrait même être recommandé d'évacuer totalement cette zone du fait des risques majeurs qu'elle présente. Pour connaître de près les appréhensions des habitants de ce quartier de l'est de Tigzirt, communément appelé tighilt Buhriq, nous nous sommes rendus au café M'hamed. Ce café et toutes les habitations de ce quartier ont été tristement ébranlés par cette terre qui bouge. C'est comme si un violent séisme était passé par là. Certaines habitations comme celles qui se trouvent en face du café sont totalement démolies. M'hamed, un ancien fonctionnaire de l'administration à Tigzirt et un des membres du comité de ce quartier qui lutte, en vain, depuis des années, pour qu'une solution soit trouvée pour les délivrer de ce calvaire, fulminent : “Notre quartier est mis en quarantaine. On dirait que nous ne faisons pas partie de la ville. Depuis plus de 5 ans, aucun projet de viabilisation ou de réparation n'a été dégagé.” À notre discussion se mêle Haroun, un autre membre actif du comité de ce quartier pour qui le glissement n'est pas une fatalité. Il reste sceptique quant aux résultats du bureau d'études français. “Il est vrai que la terre est glissante depuis longtemps. Mais ce glissement est encouragé par la mauvaise gestion de ce lieu. Je cite entre autres les constructions anarchiques, la mauvaise gestion de l'assainissement et des eaux de pluie.” Sur la probable décision d'évacuation de tout le quartier, il déclare : “Qu'ils nous proposent d'autres solutions. Mais je pense que c'est une manœuvre qui a d'autres objectifs que celui de nous protéger.” Et M'hamed d'enchaîner : “À travers ce laisser-aller, ils veulent provoquer le pourrissement et nous dire que c'est fatal.” Pour M'hamed, il n'y a pas de solution magique. Selon lui, elle réside dans l'évacuation des eaux d'assainissement et de pluie depuis le lieudit Ameziav au pied du village Cheurfa. Les représentants de ce quartier évoquent aussi le plan qu'ils ont exposé aux autorités locales. Il s'agit de constituer trois réseaux principaux qui évacueront les eaux de pluie, la réhabilitation des réseaux d'assainissement et leur évacuation à la station de refoulement du port, le contrôle des constructions ainsi que la réalisation de murs de soutènement, à l'exemple de ceux réalisés au niveau de la grande plage, dans le cadre de l'aménagement des sites touristiques. Notre virée sur les lieux coïncide avec d'importantes averses de pluie. La chaussée en face de ce café s'est transformée en une véritable piscine. Enfin, Haroun veut profiter de notre présence pour dénoncer la réunion qui a eu lieu le 11 novembre dernier au siège de la wilaya de Tizi Ouzou et présidée par le SG du wali. “À cette réunion, les véritables représentants des quartiers concernés par le problème du glissement n'ont pas été conviés. À la place, ils ont invité d'autres personnes dociles pour représenter la société civile.” Notre interlocuteur “dénonce cette étude longtemps attendue et pour laquelle 30 millions DA ont été déboursés et la solution facile proposée qui consiste à évacuer la zone”. Enfin, à noter qu'en plus de ce quartier est de la ville de Tigzirt qui s'étend sur une longueur de près de 3 km, un autre quartier qui se situe à la sortie ouest au lieudit Boutrahi est également touché par le glissement de terrain, sans oublier une importante partie du village Iknache, dans la commune d'Iflissen, à près de 10 km de Tigzirt.