Résumé de la 14e partie n Bob est embarrassé, Ali lui confie des pierres précieuses qu'il doit ramener en Europe... Le prince regardait son ami avec affection : — Etrangement, je n'ai aucune inquiétude sur ce point. De toute son existence, jamais Bob Rawlinson ne s'était senti aussi malheureux qu'en arpentant les couloirs de marbre sonores du palais. Savoir qu'il transportait dans la poche de son pantalon trois quarts de million de livres lui causait une détresse profonde. Il avait l'impression que chacun des courtisans qu'il croisait devait être au courant. Il lui semblait même qu'on pouvait lire sur son visage qu'il portait son précieux fardeau. Si on lui avait appris que ses traits piquetés de taches de rousseur conservaient leur habituelle joie de vivre, il en aurait été soulagé. Les sentinelles de faction au portail d'honneur lui présentèrent les armes en claquant les talons. Toujours perplexe, il s'engagea dans la foule de la grand-rue de Ramat. Où devait-il aller ? Qu'allait-il bien pouvoir imaginer ? Il n'en avait pas la moindre idée. Et le temps lui était compté. La grande rue ressemblait à la plupart des grandes rues du Moyen-Orient. Elle présentait un mélange de misère et d'opulence. Les banques affichaient la magnificence de leurs bâtiments neufs. D'innombrables échoppes offraient des collections de camelote de plastique. Des chaussons pour bébés y voisinaient bizarrement avec des briquets à bon marché. Il y avait des machines à coudre et des pièces détachées pour automobiles. Les pharmacies proposaient des potions maison couvertes de chiures de mouche, toutes sortes de prospectus pour de la pénicilline et des antibiotiques à foison. Rares étaient les boutiques où l'on aurait, dans des circonstances normales, acheté quoi que ce soit, à la possible exception d'une montre suisse du plus récent modèle dont des centaines d'exemplaires s'entassaient dans une vitrine minuscule. Mais l'assortiment revêtait une telle ampleur que, même là, stupéfié par sa masse, on aurait reculé devant la perspective d'un achat. Toujours perdu dans une sorte de stupeur, bousculé par des hommes en costume local ou vêtus à l'européenne, Bob finit par reprendre ses esprits et se demanda une fois encore ce que diable il allait faire. Il s'installa dans un café indigène pour commander un thé au citron. En le buvant, il commença peu à peu à se ressaisir. L'atmosphère du café l'apaisait. Assis en face de lui, un vieil Arabe égrenait un chapelet de perles d'ambre. Derrière, deux hommes jouaient au trictrac. L'endroit était idéal pour s'y asseoir et y réfléchir. Et il lui fallait réfléchir. On lui avait confié 750 000 livres de pierres précieuses. Il lui revenait d'imaginer un plan pour les faire sortir du pays. Il n'avait pas non plus de temps à perdre : la situation pouvait se détériorer d'un instant à l'autre. (à suivre...)