Héritage Les dix années de terrorisme ont légué à l?Algérie de 2004 le décret portant instauration de l?état d?urgence. Les pouvoirs publics sont accusés de se comporter vis-à-vis des partis politiques et des syndicats comme si le pays était en guerre dans le but évident de maintenir en l?état la prépondérance de l?appareil policier et militaire sur la gestion démocratique de la société. Le pouvoir, évidemment, soutient le contraire et affirme qu?il n?existe «aucun détenu politique en Algérie» pour rejeter en bloc les accusations dont il est l?objet. Pour autant, des personnalités politiques ont vu leur demande de créer leur parti carrément rejetée pour non-conformité à la loi. Il s?agit de Taleb Ibrahimi, dont on a accepté étrangement la candidature à la présidentielle de 1999 et de Sid Ahmed Ghozali, ex-chef du gouvernement. A la suite de cela, Mouloud Hamrouche, qui a voulu créer le sien, s?est ravisé estimant que les conditions pour activer sur la scène politique ne sont pas encore réunies. Toujours est-il que les marches sont interdites. Et quand la nécessité l?y oblige comme faire montre de la solidarité des Algériens envers le peuple irakien, le pouvoir peut autoriser les manifestations populaires sur l?étendue du territoire tout en les interdisant dans la capitale. L?important est qu?il a un argument : la manifestation des ârchs du 14 juin 2001 avait dégénéré en actes de vandalisme. Ainsi des partis politiques se voient octroyer des salles de cinéma au lieu des stades réclamés pour y tenir leurs meetings. Aucune formation ne peut désormais organiser une marche dans la capitale. Plus près de nous, le FLN n?a pu tenir son congrès que dans la clandestinité et la justice instrumentalisée a pu invalider le 8e congrès. Par ailleurs, les syndicats autonomes ne sont pas mieux lotis. Tout le monde a en mémoire le dispositif policier mis en ?uvre pour contrer la mobilisation du CLA et du Cnapest durant la grève des enseignants. A la violation de la franchise scolaire avaient succédé l?arrestation des animateurs du mouvement puis la non-reconnaissance de ces syndicats par les autorités. Rachid Malaoui du Syndicat autonome du personnel de l?administration publique (Snapap) fait remarquer que la liberté de l?activité syndicale, pourtant consacrée par la loi, profite «uniquement à l?Ugta». Du côté des associations, le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) a subi, par exemple, 32 interdictions de manifester et d?activer de la part du ministère de l?Intérieur. Même les députés, pourtant insérés dans le système, ont connu des déboires notables quand ils ont été roués de coups. Un élu MSP, lequel parti vient d?introduire au niveau de l?APN une proposition de loi pour lever l?état d?urgence, estime : «C?est fort de l'état d'urgence que les forces de l'ordre ont agi et violé l'immunité parlementaire.»