Interrogation Qu?est-ce qui empêche donc le pouvoir de lever l?état d?urgence du moment que la situation sécuritaire s?est nettement améliorée ces dernières années ? Après avoir atterri sur le bureau de l?APN, il y a quelques semaines, la question de la levée de l?état d?urgence, en vigueur depuis février 1992, sera, sans aucun doute, au centre de la campagne électorale de la présidentielle du 8 avril prochain, étant donné que certains candidats, à l?image de Abdallah Djaballah, le leader d?El-Islah, comptent l?inclure dans leur programme. Le moins que l?on puisse dire à présent est que l?idée a fait du chemin. Il y a quelques années, les organisations de défense des droits de l?Homme, tels la Ligue algérienne de défense des droits de l?Homme et quelques partis politiques dits «réconciliateurs», dont le FFS et le PT notamment, étaient les seuls à la défendre. Aujourd?hui, les acteurs de la scène politique dans leur ensemble, à l?exception du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, s?ils ne plaident pas mordicus la cause, ils ne s?y opposent pas non plus. Même du côté de l?ANP, on ne voit pas d?inconvénient à la levée de l?état d?urgence. Ce dispositif «aurait dû être levé dès 1999», a même déclaré Mohamed Lamari, chef d?état-major. Cependant, le pouvoir exécutif n?est pas du même avis. Pour Yazid Zerhouni, ministre de l?Intérieur, «l'état d'urgence n'est qu'une coordination entre l'armée, la gendarmerie et la police pour défendre le pays (?) ; les partis politiques n'ont jamais été empêchés de tenir des meetings ou autres rencontres (?) ; aucune décision n?a été prise en référence au décret présidentiel numéro 92.44 du 9 février 1992 (?); l?état d?urgence concerne seulement le volet sécuritaire et non (celui politique)». Quant au simple citoyen, la question ne semble pas l?intéresser tellement depuis que le couvre-feu a été levé. Pourtant, Ali Yahia Abdennour, président de la Laddh est convaincu que «le maintien de l?état d?urgence, qui ne repose sur rien, bloque l?ouverture des champs politique et médiatique». Pour lui, «l?état d'urgence a été décrété, dit le pouvoir, pour combattre le terrorisme. Maintenant que ce même pouvoir déclare que le terrorisme est résiduel et que l'islamisme armé est vaincu, pourquoi le maintenir?». Pour sa part, Hocine Aït Ahmed pense que l?«on ne peut parler de démocratie et de liberté de la presse chez nous sans avoir à l?esprit que l?état d?urgence est toujours en vigueur».