Phénomène n La désertification menace 27,4 millions d'hectares en Algérie, selon les résultats de la Carte de sensibilité à la désertification (CSD), rendus publics le 10 janvier dernier à Alger. La désertification est considérée comme l'une des problématiques environnementales les plus préoccupantes du XXIe siècle. Par désertification, on entend une situation de dégradation des terres, liée au contexte socioéconomique de l'utilisation des ressources naturelles au-delà de leur capacité de restauration, aggravée souvent par les fluctuations des conditions climatiques. Elle conduit à un déclin permanent des activités économiques, enracinant les populations locales les plus vulnérables dans la pauvreté et les poussant à un exode massif. Devant ces risques préoccupants, l'Algérie a mis en place de nombreuses actions de lutte contre la désertification en prenant des mesures correctives et préventives. Selon les résultats actualisés de la CSD, la surface «désertifiée et squelettée» est passée de 3,5 à 4,09% entre 1996 et 2009, soit plus de 76 000 ha. Une augmentation des terres moyennement sensibles à la désertification, a été également relevée. Quelque 87% de la superficie de l'Algérie représentent le Sahara, constitué de deux grands ergs (oriental et occidental), des oasis, des montagnes du Tassili et du Hoggar et des déserts de pierre (regs). Cependant, l'étude révèle une amélioration de la situation de quelque 868 427 ha classés auparavant très sensibles à ce phénomène, et ce, grâce à l'aménagement du territoire engagé au niveau des zones concernées. La désertification a été aggravée par le phénomène du changement climatique qui a porté un coup dur aux équilibres des écosystèmes. Ce phénomène menace la production vivrière qui nourrit des centaines pour ne pas dire des milliers de famille, ainsi elle induit la pauvreté dans les zones sahariennes. Il y a également la déforestation incontrôlée notamment pendant la décennie noire où de nombreuses forêts ont été détruites pour resserrer l'étau sur les groupes terroristes. Ainsi de nombreuses forêts ont été réduites à néant en quelques années seulement. Par ailleurs, l'activité humaine est en grande partie responsable de la désertification. En effet, dans certaines régions steppiques, les éleveurs de bétail surexploitent les plaines steppiques sans se soucier de la dégradation du sol. Cette exploitation massive et incontrôlée de la steppe a mis à nu de vastes plaines, ce qui, avec le temps, conduit à détruire la couverture végétale de ces espaces fragiles permettant ainsi l'avancée du désert. Intervenant lors de la rencontre consacrée à la présentation de la carte de sensibilité à la désertification, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a considéré que «ce phénomène est une menace réelle pour notre pays d'autant plus que les experts prévoient une diminution de 10 à 30% de la pluviométrie durant les 20 prochaines années».