Politique n Le président français affronte les deux prochains dimanches des élections régionales extrêmement délicates, un test à mi-mandat dont il cherche déjà à minimiser la portée, tant les augures sont sombres pour son camp. Selon les sondages, c'est bien une défaite qui est annoncée pour le Président et son parti de droite, l'UMP. Si l'on en croit les différents instituts, la carte électorale régionale ne devrait pas beaucoup changer, à l'issue des deux tours de scrutin des 14 et 21 mars. Elle est déjà presque entièrement rose, la couleur du Parti socialiste (PS), première formation de l'opposition. Lors du précédent scrutin régional, en 2004, sous la présidence de Jacques Chirac, le PS avait déjà remporté 20 des 22 régions de France métropolitaine et les quatre régions d'outre-mer. La droite espérait, il y a encore quelques mois, effectuer des conquêtes. Elle se contenterait, aujourd'hui, de conserver ses modestes positions. «Nous pouvons gagner toutes les régions», répètent de leur côté les socialistes. Toutes régionales qu'elles soient, ces élections vont servir à tester l'influence nationale des forces politiques en présence, et pourraient aussi modifier les équilibres à l'intérieur des deux principaux camps. Après avoir raflé 39,5% des voix aux élections législatives de 2007 et une confortable majorité en sièges de députés, l'UMP avait aussi gagné les élections européennes de 2009 (27,88%). Pour ces régionales, les sondages donnent l'UMP autour de 30%, mais sans réserve de voix pour le second tour. Le PS crédité d'un pourcentage semblable bénéficierait en revanche le 21 mars des reports de voix des écologistes de plus en plus installés dans le paysage politique (12 à 14% environ) et de la gauche plus radicale. Au plus bas dans les sondages de popularité (moins de 40%, loin des 65-70% juste après son élection en mai 2007), Nicolas Sarkozy risque de payer le prix de toute une série de maladresses et de décisions impopulaires depuis plusieurs mois, auxquelles sont venues s'ajouter les bourdes de son camp au cours de la campagne. Selon les analystes politiques, l'impopularité du président va nuire aux candidats de son camp et les électeurs de droite pourraient au mieux être nombreux à s'abstenir. Les sondages prédisent une participation autour de 50%. Ont notamment joué contre M. Sarkozy des décisions très mal perçues, comme celle de propulser en octobre son fils Jean à la tête de la Défense (ouest de Paris), le premier quartier d'affaires d'Europe, ou encore celle d'organiser un débat sur l'identité nationale qui a donné lieu à des dérapages racistes. Ces affaires se sont ajoutées à des motifs de mécontentement déjà nombreux : pouvoir d'achat en berne, chômage en hausse, fermetures d'usines ou encore réduction des postes de fonctionnaires. A gauche, les régionales devraient consacrer un retour du PS et de sa dirigeante, Martine Aubry. Face à la concurrence interne de Ségolène Royal ou de Dominique Strauss-Kahn, un succès national la conforterait dans l'optique de l'élection présidentielle de 2012.