Débâcle Les urnes devraient consacrer aujourd?hui l?échec de la droite, déjà en perte de vitesse lors du premier tour. «Le gouvernement Raffarin joue sa survie aux élections régionales», lit-on dans Le Monde dans son numéro de dimanche-lundi. En effet, la gauche, dopée par l'ampleur de son succès du premier tour, insiste sur le «rejet de la politique Raffarin», en particulier dans le domaine social, et projette déjà ce «vote-sanction» conjugué aux retrouvailles de la gauche, dans la perspective des échéances présidentielle et législative de 2007. Ce matin, à 6 h GMT, les Français ont commencé à voter pour le deuxième tour des élections régionales qui devraient se conclure sur une victoire de l'opposition de gauche et pourraient ouvrir la voie à un changement de gouvernement. Quelque 42 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour désigner des responsables régionaux et la droite gouvernementale, qui contrôle, depuis 1998, 14 des 22 régions de la France métropolitaine, pourrait en perdre cinq, voire, au pire pour elle, 12. Selon les sondages, une victoire de l'opposition de gauche contraindra le président Jacques Chirac à changer de stratégie politique et de gouvernement. Au premier tour, le 21 mars, avec une abstention de près de 40%, la gauche (socialistes, communistes et Verts) est arrivée en tête avec 40% des voix, soit six points d'avance sur la droite (UMP du président Chirac et UDF centriste) qui a obtenu 34%. L'extrême droite se maintient à 16%. Selon les sondages, la gauche devrait confirmer cette tendance et prendre le contrôle de la majorité des 22 régions métropolitaines. La droite parlementaire est affaiblie par la persistance de ses dissensions internes entre l'UMP et l'UDF ainsi que par le bon score du Front national qui permet au parti d'extrême droite de Jean-Marie Le Pen de se maintenir dans 17 régions au second tour. La droite espère limiter les dégâts en reprenant aux socialistes la symbolique région parisienne, la plus importante avec 11 millions d'habitants, qui se joue à quelques points, selon les sondages. La défaite électorale annoncée ne change rien à la composition du Parlement, dominé par la droite. Mais elle devrait, selon les médias, contraindre M. Chirac à changer de stratégie politique, à mi-parcours de son mandat, dans un sens plus social, et à remanier substantiellement l'équipe de Jean-Pierre Raffarin, voire changer de Premier ministre en cas de débâcle.