Enjeu n C'est dans les grandes agglomérations que se joue une partie de la bataille entre la droite et la gauche. Les Français ont commencé à voter aujourd'hui dimanche lors d'un scrutin municipal considéré comme un premier test électoral pour le président Nicolas Sarkozy, en chute libre dans les sondages dix mois après son élection, la droite au pouvoir risquant de perdre de nombreuses villes. Ce scrutin, dont le second tour aura lieu le 16 mars, pourrait se transformer en vote sanction pour M. Sarkozy, qui a tenté d'en minimiser la portée et assuré qu'il maintiendrait le rythme de ses réformes. Tous les sondages ont prédit une victoire pour l'opposition socialiste. Le Parti socialiste espère enlever plusieurs métropoles à valeur de symbole national comme Marseille, deuxième ville du pays, Toulouse ou Strasbourg. Il devrait conserver sans difficulté Paris et Lyon. Au total, les 44,5 millions d'électeurs français doivent désigner les conseils municipaux des 36 782 communes du pays. C'est dans ces grandes agglomérations que se joue une partie de la bataille. Un Français sur deux estime en effet que si l'UMP perd «plusieurs grandes villes», il s'agira d'une «défaite personnelle» pour Nicolas Sarkozy, selon un sondage paru vendredi. Nicolas Sarkozy a décroché dans l'opinion depuis le début de l'année, les Français lui reprochant notamment un manque de résultat sur le pouvoir d'achat, devenu leur préoccupation numéro un et dont il avait promis de faire sa priorité durant la campagne électorale. Seul un Français sur trois, selon une récente enquête, approuve désormais l'action du Président. Le chef de l'Etat français a été aussi touché de plein fouet par les critiques sur son goût du luxe et l'étalage de sa vie privée, marquée par un divorce retentissant suivi par un mariage trois mois plus tard avec l'ex-top-model Carla Bruni. L'UMP, qui dirige environ 55% des 230 villes françaises de plus de 30 000 habitants, a insisté sur l'importance des «enjeux locaux» pour contrer la menace d'un vote anti-Sarkozy et comptait sur une mobilisation de dernière heure de ses électeurs. M. Sarkozy a minimisé par avance l'échec attendu de son camp, en assurant qu'il ne se laisserait pas «distraire par les péripéties» et que le rendez-vous de son bilan n'aurait lieu qu'à la fin de son mandat, en 2012. Il a écarté la perspective d'un «plan de rigueur», dont le spectre est brandi par les socialistes. Il a aussi réaffirmé sa confiance au Premier ministre François Fillon pour couper court aux rumeurs de dissensions entre les deux hommes. La popularité de M. Fillon, qui cultive son image de sérieux et de discrétion, monte au fur et à mesure que celle de M. Sarkozy chute. Ces municipales s'annoncent également difficiles pour le parti centriste MoDem de François Bayrou, troisième homme de la présidentielle qui brigue la mairie de Pau (sud-ouest), et le Parti communiste qui tente de sauver ses derniers bastions locaux. Quant au Front national (extrême droite), saigné financièrement par ses récentes défaites électorales, il ne présente qu'un nombre réduit de listes.