L'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) a organisé, lundi passé, un concert assez spécial. Celui de la chanteuse tunisienne Abir Nasraoui. Pour la première fois en Algérie. Cela s'est passé à la salle Ibn Zeydoun à Riad El Feth. Un concert qui entre dans le cycle consacré aux “nouvelles musiques et voix du monde arabe”. 19h15, les premières notes. Un istikhbar (prélude) exécuté par un orchestre composé de cinq musiciens : luth, violon, guitare, qanoun (cythare) et percussions. Une mélodie rappelant l'âge d'or de la musique arabe, venue des fins fonds de l'Orient : une pureté dans le son, des airs caressants. Puis, tour à tour, le luth, le violon enfin le qanoun libèrent leur envoûtement, la magie de leurs cordes qui recréent, l'espace d'un concert, l'atmosphère des Mille et une Nuits. Schéhérazade entre sur scène : c'est Abir Nasraoui, une chanteuse qui nous vient de Tunisie, plus précisément de Kasserine, près de la frontière tuniso-algérienne. La chanson, elle l'a côtoyée dès son jeune âge, car appartenant à une famille de mélomanes. Dotée d'une voix mélodieuse qu'elle perfectionne avec le temps, elle oriente ses études vers la musicologie. C'est en 1994 qu'elle entame une carrière de chanteuse professionnelle et depuis 2003, elle est régulièrement associée aux programmes musicaux de l'Institut du monde arabe en France. Pour sa prestation algéroise, Abir Nasraoui entamera son tour de chant avec Ya Zamen, du compositeur syrien Najib Esseraj dont les paroles son signées par Marie Jibrane. Une chanson dans laquelle elle interroge le temps. Elle chante le temps et ses aléas. Juste après, c'est un retour aux sources. Elle revient au traditionnel tunisien sur le plan musical, toujours dans la même thématique, à savoir la vie, l'être humain dans tous ses moments. S'en suit Aârdouni zouz sbaya, tirée du patrimoine tunisien. Le public bat la cadence en tapant des mains. On se croyait dans une fête, il ne manquait que les youyous. Et c'est ainsi tout au long de la soirée, changeant de rythme allant au mélange flamenco-tango-rumba avec Layali Ichbilia (les nuits de Séville), puis revenant au traditionnel tunisien. Profitant de son passage à Alger, elle interprétera deux chansons du grand Rabah Driassa, en souvenir de sa grand-mère, qui était une fan inconditionnelle de cet artiste. Ce sera Talet El Ghorba aâlia et Nedjma Kotbia. Le public aura aussi le privilège d'écouter trois chansons tirées de son nouvel album Hayma, qui sortira en avril prochain. Toujours dans l'ambiance de la liesse et de l'amour, elle rendra un autre hommage au chanteur tunisien Hédi Jouini avec Maktoub, That el yasmina fe lil, Lamouni li gharou meni et Samra ya Samra. Avec sa voix pure et maîtrisée, son talent accompli, Abir Nasraoui a su dompter un public exigeant.