Score n Les Français ont confirmé au second tour des élections régionales leur vote-sanction contre la majorité de Sarkozy. Le Président français devrait, à cet effet, annoncer dans les prochains jours un remaniement ministériel. «Le résultat de ce soir (hier soir ndlr) confirme le succès des listes de gauche. Nous n'avons pas su convaincre. Cela constitue une déception pour la majorité. J'assume ma part de responsabilité», a précisé, hier, dimanche, le Premier ministre, François Fillon, dont 20 ministres étaient en lice. La gauche et ses alliés écologistes continueront à diriger l'immense majorité des régions françaises après avoir remporté au niveau national 54% contre 36% au parti présidentiel UMP et ses alliés, selon une estimation de l'institut de sondages OpinionWay. Sévèrement battue dans de nombreuses régions, avec des écarts considérables de voix par rapport à la gauche, la droite a toutefois évité un désastre total en parvenant à conserver l'Alsace, l'est du pays, et en remportant La Réunion (océan Indien) au cours de ce scrutin qui est aussi le dernier avant la présidentielle de 2012. En dépit d'une plus forte participation qu'au premier tour - l'abstention est passée de 53,6% à environ 49% -, la droite n'a pas suffisamment mobilisé son électorat pour conserver la Corse, une des deux seules régions de métropole (hors outre-mer) qu'elle détenait jusqu'alors. Le Front national, le parti de l'extrême droite qui est parvenu à se maintenir dans 12 régions, a atteint les 8,7% au niveau national, selon OpinionWay, avec une poussée à 22% dans le nord très marqué par la crise et probablement encore plus dans son bastion de Provence, au sud, où se présentait son vieux leader, Jean-Marie Le Pen, 81 ans. Après la claque de dimanche dernier, la droite avait battu le rappel de ses troupes, espérant endiguer la déferlante rose-verte (socialistes et écologistes), tandis que des voix s'élevaient dans la majorité pour appeler Nicolas Sarkozy à réagir. Avant le premier tour, le Président français avait affirmé que le scrutin régional n'aurait pas de conséquences nationales. Or, depuis quelques jours la presse s'attend à un prochain remaniement ministériel et sur son ampleur. Hier, dimanche, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a reconnu la «défaite» sans dire un mot de ses conséquences à venir. Cependant, au sein même du camp présidentiel certains semblaient prendre leurs distances. Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a invoqué la nécessité de construire un «nouveau pacte majoritaire». De leur côté, la gauche et ses alliés savouraient leur victoire. «Les Français ont donné ce soir une victoire sans précédent aux listes de la gauche rassemblée. Nous recevons cette victoire avec responsabilité», a déclaré la dirigeante du PS, Martine Aubry. «Entendre les Français c'est changer profondément de politique», a-t-elle lancé. Ces élections se tiennent à mi-parcours du mandat de Nicolas Sarkozy, en chute dans les sondages ces derniers mois. En offrant une nette victoire à la gauche, elles relancent les socialistes et offrent à Martine Aubry son premier costume de présidentiable à gauche. Autre figure du PS, la candidate malheureuse contre Nicolas Sarkozy en 2007, Ségolène Royal, a confirmé son assise régionale avec un score (plus de 60%) lui permettant d'espérer peser au niveau national.