La pièce de théâtre, mise en scène par Abdelmalek Bouguermouh en 1989, à quelques mois de sa disparition, fait l'objet, depuis quelques semaines, d'un nouveau renfilage confié à la troupe du T.R. de Béjaïa, sous la houlette de son acolyte d'alors, le dramaturge Omar Fetmouche. La générale est prévue pour ce soir. La pièce, adaptée de Rhinocéros de Eugène Ionesco et qui a eu à sa sortie un succès retentissant, notamment au festival du théâtre professionnel d'Annaba, n'a, en fait, pas survécu à son auteur, ayant été rapidement mise sous le boisseau du fait – ironie du sort – d'un second accident tragique de la route au cours duquel trois comédiens ont péri. Sa promotion, hormis quelques apparitions en Algérie et au Maroc, a dû s'estomper. L'œuvre, qui emprunte au théâtre de l'absurde, est une satire qui s'autorise tous les écarts pour pourfendre d'autres écarts, en relation avec l'argent et le phénomène de la corruption. Bouguermouh, qui reste fidèle à la symbolique et à l'esprit de la «rhinocérite» de Ionesco, y dépeint une maladie sociale contagieuse, dont la propagation finit par affecter et happer tous les habitants d'un village qui ne s'en dépêtre qu'à l'issue de scènes de barricades et d'une révolte populaire. Une trame lourde, en somme, qui s'alourdit davantage avec la masse des comédiens mis en scène (16 acteurs) et qui ne sacrifie rien à la valeur esthétique de la pièce, enjolivée par la qualité des décors et des costumes.