L'historien français Benjamin Stora a présenté, jeudi, au Centre culturel algérien de Paris, ses deux ouvrages Le mystère De Gaulle et Les immigrés algériens en France, en présence d'un public nombreux. Benjamin Stora, en spécialiste de l'histoire de l'Algérie, s'est intéressé dans le premier ouvrage au discours prononcé le 16 septembre 1959 par De Gaulle dans lequel il avait avancé pour la première fois la proposition de l'autodétermination de l'Algérie, invitant les Algériens à choisir, outre cette option, entre l'intégration totale et l'association avec la France. De Gaulle avait-il compris que les jours de la France en Algérie étaient comptés ? L'historien répond que le Président français voulait avant tout rompre l'isolement de la France sur la scène internationale, à la suite de l'offensive diplomatique du Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne (Gpra) et l'inscription de la question algérienne à l'ONU, quelques mois auparavant. Le second ouvrage, Les immigrés algériens en France, réédité dernièrement, montre que la présence des Algériens dans l'Hexagone, dès le début du XXe siècle, n'avait pas seulement une dimension socioéconomique mais aussi politique. «Dès les années 1920, les immigrés algériens militaient dans des partis politiques, menaient des combats sociaux, étaient affiliés aux syndicats», a précisé Stora, soulignant que ces Algériens étaient «ultranationalistes». «Entre 15 000 et 20 000 Algériens étaient des militants du MTLD sur un total de 200 000 immigrés. Les rapports de police indiquaient que dans les années 1960/1961, 130 000 Algériens versaient leurs cotisations à la Fédération de France du FLN», a-t-il rappelé. Le chercheur a regretté que toute cette histoire politique de l'immigration algérienne soit «occultée en France» et «il a fallu attendre le mouvement des jeunes beurs des années 1980 pour que les immigrés occupent le devant de la scène politique française».