• «La gangrène et l'oubli, la mémoire de la guerre d'Algérie» ; «Le mystère De Gaulle, son choix pour l'Algérie» de Benjamin Stora, Editions SEDIA, prix public : 1000 DA le livre. Benjamin Stora est ce français d'Algérie qui a quitté le pays avec sa famille en 1962. Il garde une empreinte indélébile de son sol natal. Son talent d'écrivain lui donne l'occasion de parler de son pays en sa qualité d'historien et d'enseignant. Il est professeur de l'histoire du Maghreb à l'Institut des Langues Orientales de Paris. Depuis 1980, il publie un nombre incalculable d'essais sur l'histoire de l'Algérie allant de 1830 à nos jours. Benjamin Stora a été présent en Algérie cette semaine et jusqu'à hier pour présenter ses deux ouvrages. L'inaugurale s'est fait samedi dernier à la librairie Tiers Monde. Benjamin Stora y a présenté ses deux ouvrages «La gangrène et l'oubli, la mémoire de la guerre d'Algérie» «Le mystère De Gaulle, son choix pour l'Algérie» où une foule nombreuse est venue le saluer et décrocher des dédicaces. L'objectivité et l'impartialité de ces essais constituent une part non négligeable dans l'écriture de l'histoire de la guerre d'Algérie. Ce choix se justifie par le fait que pour la première fois il fait appel à une maison d'édition algérienne pour la publication de ses deux livres, les éditions Sedia. Par leur couverture, ses deux ouvrages se confondent. C'est le même design que l'on retrouve sauf avec un titre différent. Le premier essai s'intitule « La gangrène et l'oubli, la mémoire de la guerre d'Algérie ». Il s'agit d'un volumineux ouvrage dans lequel l'auteur tente d'étudier et d'analyser les côtés, les événements, les faits que chaque peuple des deux rives de la Méditerranée veut effacer de sa mémoire. Ce sont les mêmes réalités mais chacun pour des raisons que Benjamin Stora essaie de présenter, sont rejetés volontairement de la mémoire collective. L'historien ici, se base sur les déclarations des acteurs de ces événements. Il écrit son texte à partir d'une documentation extrêmement riche et dense. Il est étonnant de mesurer l'ampleur de référence auxquels Benjamin a eu recours pour exposer ses analyses. Le livre « La gangrène et l'oubli, la mémoire de la guerre d'Algérie » révèle par ailleurs des situations inédites concernant le nombre des victimes de la guerre d'Algérie des deux côtes. Signalons que ce livre a été publié en 2005 en France. Il a été réédité par Sedia Editions. Quant au deuxième ouvrage « Le mystère De Gaulle, son choix pour l'Algérie », il a été écrit au cours de l'automne 2009, commémorant le 51e anniversaire de la célèbre déclaration du général De Gaulle en date du 16 septembre 1959. Ce discours du président de la République française est souvent occulté ou méconnu par les historiens de la guerre d'Algérie. Ces derniers ne lui ont pas donné d'importance qu'il revêt particulièrement. En fait, ce discours représente pour la première fois et publiquement un tournant décisif de la politique française à l'égard de l'indépendance de l'Algérie. Pour la première fois, le Général De Gaulle annonce dans ce discours la possibilité pour les Algériens de choisir leur avenir avec trois options, l'intégration, la fédération ou la sécession. C'était la voie ouverte à l'indépendance de l'Algérie. Cette prise de position politique a surpris les partisans de l'Algérie française qui avaient eux même rappelé De Gaulle au pouvoir pour servir leur cause. Dans son essai, Benjamin Stora s'appuie sur trois arguments qui ont incité le Général De Gaulle à faire cette surprenante déclaration. La première thèse repose sur le fait que le Général De Gaulle pour la grandeur de la France dans le monde voulait mettre un terme à la guerre d'Algérie. Le deuxième argument repose sur la pression internationale en particulier celle des Etats Unis d'Amérique qui voulait que les pays du tiers monde se libèrent dans un contexte occidental, hors de la sphère soviétique. La troisième thèse a pour objet la grandeur de la France qui manifeste la volonté d'affranchir ses colonies dans un esprit moderne. Benjamin Stora analyse et étudie ces trois visions du Général De Gaulle en s'appuyant sur le témoignage de personnalités très influentes de l'époque aussi bien algériennes, françaises que d'autres voies à résonnance internationale. En sa qualité d'historien et de chercheur, il ne prend pas position. Il fait alterner les analyses, les jugements et les réflexions d'acteurs ayant des vues extrêmement opposées. Benjamin Stora sur ce plan répond d'une manière impartiale aux règles du travail d'historien qui analyse objectivement les faits, les réalités et les événements.Son ouvrage «Le mystère De Gaulle, son choix pour l'Algérie» est intéressant du fait qu'il présente d'une manière équilibrée les acteurs du côté français en parallèle avec ceux de la Révolution Algérienne siégeant à Tunis. Comme dans un roman, alors que cet essai est loin de l'être, il raconte les réactions des dirigeants algériens face aux solutions proposées à la France pour la fin de la guerre. Parmi ces acteurs algériens, il cite Krim Belkacem, Boussouf, Ferhat Abbes. Ce dernier d'ailleurs a été le seul Algérien qui a reconnu l'importance de ce discours et cité dans un de ses livres. Cet essai de Benjamin Stora résérve tout un chapitre à la biographie d'acteurs connus ayant travaillé avec le Général De Gaulle, Robert Buron, louis Joxe, Guy Mollet, Paul De L'ouvrier et aussi des opposants à la politique de De Gaulle comme le Général Salan ou le Général Jouhaud.