Proclamation n A l'occasion des 50 ans d'indépendance du Sénégal, le Président Abdoulaye Wade a annoncé que Dakar «reprenait», à partir de ce dimanche, «toutes les bases» militaires françaises dans son pays. Cette annonce très symbolique a été faite, hier soir, dans le cadre très solennel d'un discours radiotélévisé à la nation, au moment même où le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, arrivait à Dakar pour participer au défilé militaire, avec participation de troupes françaises, prévu pour aujourd'hui. «Cette année sera différente des autres», a souligné le chef de l'Etat sénégalais, dès l'entame de son discours. «En effet, après notre indépendance formelle, notre gouvernement de l'époque avait consenti à l'ancienne puissance coloniale des bases militaires terrestres, aériennes et navales, sur notre territoire», a-t-il rappelé. «Au fil des années, cette situation a paru de plus en plus incongrue et a été souvent ressentie par nos populations, singulièrement par les jeunes, les cadres et l'armée, comme une indépendance inachevée», a-t-il insisté. «Je déclare solennellement que le Sénégal reprend à partir de ce jour 4 avril à 00h 00 (locales et GMT) toutes les bases (militaires) antérieurement occupées sur notre sol par la France et entend y exercer sa souveraineté qui repose sur la présente déclaration», a-t-il poursuivi. «Les discussions se poursuivent», a très vite réagi à Paris le porte-parole du ministère français de la Défense, Laurent Teisseire, précisant qu'elles portaient sur «les modalités précises de la coopération, et notamment l'éventualité du maintien d'un dispositif français plus modeste». Celui-ci, a-t-il détaillé, prendrait «la forme d'une plateforme opérationnelle de coopération à vocation régionale et découlera de ce qui aura été déterminé d'un commun accord avec le Sénégal». Hier soir, une source française à Dakar a précisé que «la souveraineté (de Dakar) existe déjà, car les Sénégalais sont propriétaires de ces bases, ces territoires n'appartiennent plus à la France», contrairement aux «emprises» diplomatiques, comme une ambassade par exemple. En février, les deux capitales s'étaient entendues pour fermer ces installations, qui accueillent quelque 1 200 hommes. Paris veut à la place créer un «pôle de coopération militaire à vocation régionale», mais avec seulement 300 militaires. Mais plusieurs questions restaient en suspens : quels seront les effets concrets de l'annonce sénégalaise, à partir d'aujourd'hui, sur les militaires français basés à Dakar ? Cela va-t-il accélérer leur départ ? Quelle forme va prendre désormais la coopération militaire entre les deux pays ? Le Président sénégalais est resté vague. «S'agissant des délais de libération de ces bases, je demande au Premier ministre et au chef d'état-major général de l'armée d'entamer des pourparlers avec la partie française».