Histoire n Il vient de paraître et InfoSoir en a eu l'exclusivité : Les splendeurs du Mouloudia, 1921-1956, du défunt Rabah Saâdallah et de Djamel Benfars. N'ayons pas peur des mots et des phrases qui, pour certains, pourraient sembler présomptueux, pour dire que Les splendeurs du Mouloudia, 1921-1956, est l'œuvre la plus aboutie et la plus complète jamais racontée sur un club. Et quel club ! Comme le rappellent si bien les auteurs, le défunt Rabah Saâdallah, un riche auteur de la scène sportive et confrère de la première heure, et son gendre Djamel Benfars : dérouler chronologiquement toute une histoire de vie, des vies intenses, d'événements, de prouesses, pourrait ne mener qu'à réaliser un grand fourre-tout, duquel il ne ressortirait que confusion, fût-elle riche d'informations. Dérouler dans le temps cette même histoire nous amène à envisager les différentes branches de l'arbre de vie du Mouloudia, ce qui nécessitera des allers et retours, des va-et-vient, des avancées et des reculs, quelques répétitions – qu'elles nous soient pardonnées – pour plus de clarté. Raconter le Mouloudia Chaâbia El-Djazaïria ou le Mouloudia Club d'Alger, voire le Mouloudia tout court, c'est d'abord plonger dans l'histoire de l'Algérie contextuelle pour retrouver les repères et les époques, l'évolution des événements d'un pays déjà sous l'occupant. Raconter le Mouloudia, c'est aussi vivre la naissance du sport et l'émergence du mouvement sportif national dans notre pays, depuis sa période esthétique (1865-1915) jusqu'à sa période de développement (1945-1955), en passant par son lancement vers la fin du XIXe siècle et sa période spectaculaire que les auteurs situent juste avant la première et après la Seconde Guerre mondiale. Dans Les splendeurs du Mouloudia, il n'y en a pas que pour le football, sport roi par définition, opium des peuples et fer de lance de la lutte nationaliste, mais aussi pour les autres disciplines sportives que la littérature algérienne ne narre que très rarement. La natation, le cyclisme, la boxe, la gymnastique, l'athlétisme, le basket-ball, le volley-ball et même l'arbitrage sont autant de sections et de disciplines qui ont fait la fierté du Mouloudia et de l'Algérie sous le joug du colonialisme. Des hommes et des femmes, de grands champions et des anonymes ont porté haut les couleurs Vert et Rouge jusqu'à l'indépendance où le Front de libération nationale fait appel, pour relancer l'activité sportive à l'échelle nationale, à un Mouloudéen, Mahmoud Abdoune en l'occurrence. Quant à la première Fédération algérienne de football, fondée le 18 septembre 1962, elle renferma en ses rangs des membres actifs que sont Benyoussef Bensiam, Miloud Benamar, M'hamed Benhora, Abdelkader Zaïbek et bien d'autres encore. Et comme l'histoire d'un club commence avec celle d'un homme, celle du Mouloudia se confond avec celle d'Abderahmane Aouf, dit Hamoud puis Baba Hamoud, qui, en 1921, créa celle qui sera la plus populaire des associations sportives d'Algérie, sachant que d'autres avant lui avaient mis l'ancrage à l'image de Benmahmoud Omar Ali Raïs, d'origine turque, considéré comme le père du sport algérien à travers l'Avant-Garde d'Alger en 1895. Puis c'est au tour du Club Sportif Algérois de formaliser les premiers balbutiements du football, avant que ne naisse officiellement le premier club musulman et algérien, le Mouloudia. Ne s'arrêtant pas au beau geste, joignant l'acte à la parole, le MCA sera également le creuset du scoutisme où son fondateur, Mohamed Bouras, natif de Miliana, usa ses souliers de foot au Doyen. Comme furent à l'abri du Mouloudia, l'association des Oulémas (1932-1934) ou les sociétés de musique andalouse à travers Ahmed Sebti, Mohamed Benteffahi, les frères Lakehal ou les frères Fakhardji, et le Chaâbi porté par ses maîtres El-Hadj M'hamed El-Anka et El-Hadj M'rizek. Les musiques modernes y étaient présentes avec comme chef de file les Abderahmane Mira, Mustapha Skandrani, Cheikh Marocaine et Mohamed Aïn Kahla. Et comme le Mouloudia est une école d'hommes, il fut également une école de responsabilités et de syndicalisme incarné par Arezki Bouzrina, connu sous le nom de guerre de H'Didouche et où des années plus tard, les hordes du terrorisme avaient commis le premier attentat contre des policiers en Basse Casbah dans une rue qui porte son nom. La grande difficulté de parler de ce livre, riche en informations et d'un album photos des plus évocateurs, est de citer tous les noms qui ont fait le Mouloudia. Nous laissons aux lecteurs, pas seulement les supporters, de découvrir et d'apprécier les prouesses de ces hommes, non seulement sur les terrains du sport, mais de la vie. «Les splendeurs du Mouloudia, 1921-1956» n Les splendeurs du Mouloudia est aussi un livre bien consistant, assez profond, avec une foison de données, de portraits, de palmarès, qui tombe à pic avec l'anniversaire des vingt ans de la presse indépendante, consacrant deux auteurs chevronnés, passionnés, notamment le défunt Rabah Saâdallah qui a œuvré toute sa vie pour que vive le sport algérien haut et fort à travers tous ses travaux. Les splendeurs du Mouloudia, 1921-1956 Edition El-Dar El-Othmania – Alger. Prix public : 480 DA. Des mêmes auteurs : · Le Chaâbi d'El-Hadj M'hamed El-Anka, La Maison des livres, Alger 1981. · La Glorieuse équipe du FLN, ENAL – GAM, Alger – Bruxelles, 1985. · Les annales du cyclisme d'Algérie, OPU, Alger 1989. De Rabah Saâdallah : · Boxe, les gloires du passé, ANEP, Alger 2003. L'hommage Aâmi Rabah avait tant souhaité voir ce livre l A Monsieur Rabah Saâdallah, qui avait tant souhaité voir ce livre édité de son vivant, Dieu l'aura rappelé à Lui avant sa parution, Qu'il soit assuré que tout aura été fait selon son souhait. Rabah Saâdallah (18 juin 1927 – 28 août 2005), est né et a vécu toute son enfance dans la Casbah d'Alger, mu par une vie intense de relations inter-individuelles, d'événements culturels, sportifs et de société, tout cela naissant ou renaissant. Le Mouloudia va se retrouver au cœur des élans et vibrations populaires. Il en sera la caisse de résonance et en deviendra le creuset, où se retrouveront, sous le couvert du sport, divers mouvements socioculturels et politiques : le mouvement des Oulémas ; celui de la musique ou plutôt des musiques et du théâtre ; celui, politique, du nationalisme. Le Mouloudia sera donc un espace de liberté d'expression, mais aussi un exemple, une école, de laquelle naîtront et d'autres clubs sportifs « musulmans » et des personnalités à l'origine de nouveaux mouvements : le syndicalisme, le scoutisme.