Au début du XIIIe siècle, le théologien andalou Ibn Mara', de passage à Fès, se rappelle qu'il a une tante maternelle qui habite Tlemcen. Il a aussitôt envie de la voir avant de retourner en Espagne. A ses disciples et amis qui voulaient le retenir encore quelque temps pour profiter de sa science, il dit : «Voilà longtemps que je n'ai vu ma tante. Elle a droit, au nom des liens de parenté qui nous unissent, à ma visite !» Ibn Mara' est bien placé pour savoir que was'l al-rah'im, les liens de parenté, sont sacrés dans l'islam, et qu'il ne peut rentrer chez lui, sans rendre visite à sa tante. Il fait donc le voyage et comme Tlemcen lui plaît, il a envie d'y passer quelques jours. Homme de culture, il veut joindre l'utile à l'agréable, en s'informant sur les gloires de la ville, notamment les mystiques auxquels il s'intéresse beaucoup. On le dirige vers des personnalités en vue, mais il lui suffit de les fréquenter quelque temps pour découvrir qu'ils ne présentent pour lui, aucun intérêt. Quand sa tante l'interroge sur les doctes savants auxquels il a rendu visite, il répond : «Je n'ai rien appris, auprès d'eux, que ce que les livres enseignent. De plus, la plupart d'entre eux sont imbus de leur personnalité. Mais je ne désespère pas de trouver une personne digne d'intérêt.»