Une information judiciaire pour harcèlement moral relative aux suicides de salariés à France Télécom, imputés à une politique de restructuration et de management jugée «pathogène», a été ouverte hier, vendredi, par le parquet de Paris. Pour la première fois en France, la politique de gestion des ressources humaines d'une entreprise est susceptible de constituer une infraction pénale en elle-même et d'entraîner un procès en correctionnelle de dirigeants, voire de la société. Cette décision fait suite à un rapport de l'Inspection du travail remis en février, visant 14 cas de suicides, tentatives ou dépressions graves de salariés, et à une plainte du syndicat Sud-PTT, déposée en décembre dernier. Le syndicat s'est porté partie civile à la fin mars. Cette plainte vise l'ancien P-DG Didier Lombard, l'ex-directeur exécutif et le directeur des ressources humaines. France Télécom conteste que sa politique générale ait pu provoquer tous les suicides objets de l'enquête. «On ne peut pas parler de politique de harcèlement, il faudra replacer chaque suicide dans son contexte», a dit l'avocate du groupe.