Evidence n Comme on peut l'imaginer, les bus interurbains, ou plus communément les cars, n'opèrent en général que sur les lignes juteuses où à peu près juteuses. Résultat : des hameaux et même des villages entiers dans l'arrière-pays ne sont pas du tout desservis. Dans certaines régions, des liaisons sont assurées de manière épisodique entre certains bourgs géographiquement enclavés. Et comme tous ces engins sont la propriété du privé, ce dernier, on s'en doute, n'en a cure du sens public. Ces véhicules ne démarrent que lorsqu'ils ont fait le plein de places assises et debout. Pas avant. L'horaire «officiel des départs» parce qu'il y en a un pour sauver les apparences n'est jamais respecté. Ici aussi — à de rares exceptions près — l'hygiène et le confort sont absents. Pour rentabiliser son bus qui assurait une ligne moyenne (60 km), un propriétaire n'a rien trouvé de mieux que d'installer entre les deux rangées de sièges une troisième rangée, au beau milieu du couloir. Autrement dit si un client voulait descendre… les passagers de la troisième rangée étaient obligés de sortir du car pour lui permettre de sortir. Sans prévenir les autorités de tutelle, certains privés ont tenté sans succès d'augmenter leur tarif en douce provoquant souvent des émeutes populaires. Particulièrement dans les wilayas de l'arrière-pays. Et puisque nous parlons des sites les plus reculés du pays, voyons maintenant où en est le transport scolaire. Il s'agit tout de même de plus de 600 000 écoliers, peut-être davantage qu'il faudra prendre en charge et les communes sont tenues de le faire impérativement. Il faut le dire sans tourner autour du pot : des mairies utilisent souvent ces engins pour un tout autre usage et quelquefois détournent carrément ce chapitre du budget pour l'affecter à des travaux qu'elles pensent plus urgents et plus utiles. Maintenant que nous avons fait un tour sommaire et lapidaire du transport dans notre pays, que nous reste-t-il ? L'avion bien sûr et le train. Concernant l'avion, tout le monde l'aura constaté, il est inutile de faire un dessin : il est certainement le plus rapide et le plus confortable mais il reste malheureusement le plus incertain quant à ses départs et ses arrivées. Rares sont les avions qui décollent et atterrissent à l'heure dans notre pays. Ces retards peuvent durer dans les aéroports entre vingt minutes et douze heures surtout en période estivale. Seul le rail, seul le train caracole aujourd'hui au-dessus du panier parce qu'il est aussi sûr que l'avion, aussi confortable que lui, quatre fois moins cher, et ce qui ne gâte rien, toujours à l'heure au départ comme à l'arrivée. Et les quelques retards enregistrés ici et là ne dépassent jamais une heure. Le train visiblement a de l'avenir dans notre pays.